L’Université Laval au Salon international du livre de Québec

C’est samedi, le soleil nous réchauffe enfin, et je vais m’enfermer au Centre des congrès de Québec pour aller bouquiner. Malgré le beau temps, il y a foule. Les lectures publiques, les conférences, les ventes de volumes et les séances de signatures s’enchaînent à un rythme effréné. L’industrie du livre a la patate qui pompe.

À travers cette jungle, je remarque assez rapidement la prédominance de deux clientèles cibles : les enfants et les retraités. La plupart des gens qui se situent entre ces deux tranches d’âge sont soit des parents (qui consomment majoritairement, par le fait même, de la littérature jeunesse), soit des auteurs, des éditeurs ou des représentants de distributeurs. Or une espèce attire particulièrement mon attention : le spécimen issu de l’Université Laval. En fidèle scout d’Impact Campus, je décide donc de m’intéresser à l’Auctor Academicus. Et à mon grand bonheur, je le retrouve dans toutes les strates de l’évolution de la vie littéraire québécoise.

SILQ_2Mon premier arrêt s’effectue au kiosque de L’instant même, où je rencontre Hans-Jürgen Greif, professeur émérite de la Faculté des lettres, à qui la Bibliothèque de Québec et le SILQ viennent de décerner le Prix de création littéraire pour son roman, La colère du faucon. À quelques pas se trouve le kiosque des éditions Le Quartanier, lesquelles méritent certainement une mention pour l’allure sobre, vibrante et actuelle de leurs couvertures. Dans leur collection « Série QR » se trouve un des livres finalistes pour le Prix littéraire des collégiens 2014 : Chanson française de Sophie Létourneau, professeure adjointe au Département des littératures. À l’autre bout du Salon, chez Druide, on peut acheter la dernière œuvre d’Alain Beaulieu (Le festin de Salomé), professeur agrégé au même département et
directeur du programme de création littéraire, ainsi que celle de Sylvie Nicolas (Les variations Burroughs), également enseignante à l’Université.

Et tout en constatant que nous n’avons rien à envier aux autres institutions québécoises quant aux maîtres qui y enseignent l’art d’écrire, je prends le pouls de la relève littéraire de la région. Toujours chez Druide, le roman de Pierre-Luc Landry (L’équation du temps), docteur en études littéraires, et celui de Cassie Bérard (D’autres fantômes), aspirante au même titre, côtoient ceux des pédagogues qui les ont encouragés à suivre leurs traces. Leur ancien collègue, David Bélanger, peut aussi être fier de sa première œuvre, Métastases, parue cette année à L’Instant même. Plus loin, chez XYZ, trônent La corbeille d’Alice, premier roman d’une autre détentrice du grade de maître ès lettres, Maude Deschênes-Pradet, ainsi que Les fantômes fument en cachette, première publication d’une étudiante au baccalauréat en langue française et rédaction, Miléna Babin. La relève littéraire de Québec se passe parfois même de maison d’édition. C’est le cas de deux bachelières, Catherine Jobin (scénariste) et Camille Tremblay-Lessard (dessinatrice), qui ont loué un kiosque sous la bannière des Hachurées afin de promouvoir leur premier fanzine, publié à compte d’auteur, Les brins d’herbe.

SILQ_7Bref, mon incursion dans l’univers du SILQ aura confirmé mon hypothèse (un tantinet partisane) : la création littéraire pratiquée dans un contexte universitaire est un maillon important de la chaîne alimentaire de notre écosystème culturel. Si la production artistique y est particulièrement vivante, c’est qu’elle est toujours appelée à se comparer à d’autres pratiques d’écriture et à se positionner par rapport aux champs de recherche qui tentent de la définir; elle change constamment d’environnement et de nourriture, elle s’informe et s’adapte, elle se fait au présent. Longue vie, donc, à cette fabrique littéraire!SILQ_5

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