Macbeth au Trident : Nous, les humains, ces fauves

Le théâtre du Trident présente jusqu’au 16 mai Macbeth, la grande tragédie de Shakespeare. Pendant 2 h 30, assassinats, guerre, hallucinations et visions d’horreur sont au rendez-vous pour cette pièce cauchemardesque.

Arthur Paquet

Macbeth raconte l’histoire d’un noble qui, séduit par l’oracle de trois sorcières, entreprend de devenir roi d’Écosse. Pour y parvenir, il devra se salir les mains et assassiner ses concurrents. Cela dit, ses exactions ont de violentes conséquences ; il est hanté par des spectres et des hallucinations terrifiantes. Sa rage meurtrière ne fait que s’en exacerber. Il commet meurtre sur meurtre. Ce faisant, il s’abîme toujours plus dans le cauchemar qu’est devenue son existence. Auréolé de la folie et du mal, il se couronne roi de l’enfer.

L’intensité de la représentation s’allie à un rythme effréné : plus la pièce progresse, plus les scènes sont courtes et chargées. Flash lumineux, combats et monstruosité : Macbeth est montée comme un thriller qui laisse le spectateur frétillant et angoissé sur le bout de son siège.

La mise en scène de Marie-Josée Bastien joue pour beaucoup dans l’effroi que suscite la pièce. Le décor noir et blanc, où ne perce que le rouge sang, est métallique et froid. De grands panneaux en stainless recréent les divers endroits dans lesquels s’exécute une troupe impressionnante de treize acteurs vêtus de noir et de bottes militaires. L’obscurité et les maquillages ténébreux sont accompagnés d’une musique hard et de plans lumineux aveuglants ou rougeâtres qui saisissent l’oreille et le regard.

Dans cette ambiance torturée, l’acteur Jean-Sébastien Ouellette se démarque avec une interprétation bien sentie de Macbeth. Cela dit, tous ne sont pas à la hauteur du texte et la représentation n’est pas exempte de décalage. Par ailleurs, les puristes de Shakespeare grinceront des dents devant la traduction de Paul Lefebvre et les quelques scènes coupées.

Cela dit, Macbeth demeure une pièce d’anthologie. Malgré ses quelque 400 ans d’âge, le texte pétrifie d’horreur les spectateurs au même titre que les meilleures productions à grand budget. De surcroît, Shakespeare témoigne d’une minutie d’orfèvre pour rendre compte des profondeurs de la bestialité humaine. Soif de pouvoir, folie, violence : tous les oripeaux du mal sont déployés pour mettre en scène la tragique déchéance d’une âme humaine. Cœurs sensibles s’abstenir, mais pour les autres, Macbeth est un spectacle à ne pas manquer.

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