Michel Dallaire, monsieur créativité

La légende vivante du design industriel Michel Dallaire était de passage à Québec la semaine dernière dans le cadre des Instantanés d’architecture et du concours de L’Objet 2015. Entrevue avec celui à qui on doit, entre autres, la torche olympique de 1976, le design du vélo en libre-service BIXI et le moniteur de surveillance pour bébé Angelcare.

Impact Campus : Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter cette double invitation de l’École d’architecture de l’Université Laval?

Michel Dallaire : Je considère que c’est mon rôle de partager mon expérience et mon vécu avec la relève. C’est elle qui va prendre le flambeau et continuer, à sa façon, à innover. Et puis, à 73 ans, je dois avouer que de la côtoyer me garde jeune!

I.C. : Comment trouvez-vous le travail des jeunes créateurs?

M.D. : Fascinant! C’est sûr qu’ils n’ont pas mon recul vis-à-vis de leur métier, mais, en même temps, ils sont plus libres que je ne l’ai jamais été. Ils ont accès plus facilement et spontanément que jamais à l’information. Il y a vingt-cinq ans, Internet n’existait même pas! Il fallait faire venir des catalogues et se documenter en bibliothèque pour créer. Si on recevait les mauvais documents, nous étions pris pour les renvoyer et attendre l’arrivée des bons. Tout était plus lent alors qu’aujourd’hui, il ne suffit que d’un clic pour trouver la pièce manquante et la commander. La création se fait en temps réel.

I.C. : Cette instantanéité n’est-elle pas un couteau à double tranchant?

M.D. : Oui. Il y a, je pense, une perte dans le processus qui amène parfois à regarder les choses d’un œil nouveau ou différent. C’est ce qui permet de changer son concept spontanément, selon l’inspiration du moment. Si vous savez trop bien ce que vous voulez sans laisser de place à la créativité, aucune idée nouvelle n’émerge. Vous vous contraignez à votre première idée qui, faut-il le rappeler, vient souvent de quelque chose qui a déjà été fait.

I.C. : Quels conseils donneriez-vous afin d’éviter cet écueil?

M.D. : Il faut rester attentif à cette tendance naturelle que nous avons tous de saisir la première balle au bond de manière à ne pas nous brimer ou pire, à proposer une solution qui existe déjà. Car, il n’y a pas déception plus grande que de se rendre compte qu’une idée qu’on croyait originale ne l’est finalement pas. Sinon, je dirais de ne pas oublier ce qu’est le design à la base. Cela a toujours été et sera toujours l’idée de créer des objets, des bâtiments et des aménagements selon des fonctions et des contraintes données, en essayant de fuir le décoratif et le superflu.

I.C. : Trouvez-vous que le Phare, le projet de votre alter ego millionnaire, rate ce but?

M.D. : Sur le plan esthétique et identitaire, je trouve que c’est assez loin de nous. Quand je l’ai vu la première fois, j’ai tout de suite pensé à Dubaï. Or, Québec n’est pas Dubaï, mais bien une ville d’origine militaire et maritime. C’est la vieille France, l’Europe. Ce vocabulaire est malheureusement absent du Phare. Je trouve que le stylisme derrière le design du projet est dépassé. Ça passe à côté de l’essentiel. Je n’aime pas ce bâtiment et je ne comprends pas pourquoi cela est fait à Québec.


Michel Dallaire au Musée de la civilisation

Une exposition sur Michel Dallaire et sur le design est en cours de préparation au Musée de la civilisation de Québec (MCQ). Cette dernière devrait s’articuler autour de l’impressionnante collection de 130 pièces que l’institution a reçues du designer en 2013.

« L’orientation de cette dernière n’est pas encore décidée, lance toutefois Martin Leblanc, chargé de projet au service de la médiation culturelle et éducative du MCQ. Nous sommes encore dans les balbutiements du projet. »

Malgré l’incendie majeur de l’automne dernier qui a quelque peu chamboulé la programmation du MCQ, Martin Leblanc soutient que l’exposition devrait être présentée en 2017. « Aucune date officielle n’est arrêtée », dit-il.


Que du positif pour L’Objet 2015 !

 

Une salle remplie, des objectifs monétaires dépassés, un record de vente fracassé : il n’y a pas à dire, le bilan du 22e concours de design L’Objet est plus que positif !

L’édition 2015 du concours culminait vendredi soir dernier avec un encan mettant en vedette les quelque 35 « cossins » inédits qui ont vu le jour dans la foulée de cet exercice de créativité brute. Une soirée qui s’est déroulée « à merveille » aux dires de William Gauthier Krynski, coprésident du comité L’Objet 2015.

« Plus de 650 personnes ont rempli la salle que nous avions réservée au Musée de la civilisation de Québec. Il y avait une réelle effervescence dans l’air », raconte-t-il a posteriori. Le designer industriel Michel Dallaire assumait la présidence d’honneur de l’événement.

L’étudiant de dernière année à la maîtrise en architecture estime à 18 000 $ la somme amassée à l’issue de la soirée, un montant qui « dépasse les objectifs que nous nous étions fixés ». De ce nombre, 13 500 $ proviennent de la vente aux enchères des créations des étudiants de l’École d’architecture de l’Université Laval.

C’est l’Écho, un amplificateur de son en bois à la forme élégante, qui a suscité le plus les convoitises. L’objet créé par Julien Beauchamp-Roy et Romy Brosseau a fait monter les enchères à 2100 $, un record.

Les fonds collectés seront réinvestis dans l’organisation des activités des finissants à la maîtrise en architecture de l’Université Laval ainsi que dans la tenue du S.P.O.T. (Sympathique Place Ouverte à Tous), un événement visant à faire rayonner l’architecture à Québec.

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