Lors de cette deuxième fin de semaine du Mois Multi, festival international d’arts multidisciplinaires et électroniques de Québec, deux présentations divergentes se sont retrouvés dans les œuvres écrites par Franz Kafka : l’une par citation, l’autre par analogie.

Mois Multi : Deux présentations kafkaïennes

Le studio d’essai du complexe Méduse a tout récemment accueilli le travail de Kris Verdonck, artiste originaire de la Belgique, pour sa première nord-américaine. La suite de trois œuvres a été présentée à de petits groupes de visiteurs dans une pénombre quelque peu inquiétante. La première de celles-ci, MASS, enfermait une matière vaporeuse en mouvement constant. L’installation offrait alors une vue à vol d’oiseau sur les cumulus qui semblaient s’agiter à la lumière de tubes fluorescents. Derrière le deuxième rideau, une femme vêtue, immobile, se tient submergée dans un réservoir de plexiglas empli d’eau. Vacillant entre performance et nature morte, IN utilisait un dispositif de microphones qui diffusait les bruits cardiaques et pulmonaires de la jeune dame tel un respirateur artificiel. Enfin, l’installation vidéo titrée PRESYNCOPE inclut une trame narrative qui emprunte certaines citations des écrits de Kafka. Ici, la chute contrôlée de la caméra en hyper-ralenti, tombant du haut d’un gratte-ciel ensoleillé, examina le vide matériel par un questionnement existentiel poignant.

La jeune fille et la mort

Présenté à la Salle Multi, le spectacle interdisciplinaire, voire indiscipliné, intitulé La jeune fille et la mort, a été conçu par le Bureau de l’APA autour d’un manuel tangible distribué à tous les spectateurs. Dès l’entrée en salle, chacun est appelé à suivre les pérégrinations poétiques qui s’animent sur scène en tournant à la bonne page. Interventions sonores motorisées, performances individuelles et collectives, sculptures éclairées, metal hardcore et quatuor à cordes… le tout sous la direction d’un enseignant disciplinaire et mettant en vedette la Jeune-Fille suivi de près par l’ombre de son ombre. Une jolie cacophonie qui vient à utiliser l’absurde avec justesse afin d’aborder des thématiques telle l’aliénation et l’intime tout en satirisant la bureaucratie scolaire. Le chaos à son meilleur !

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