Photo : Alice Beaubien

Revengeance des duchesses 2018: « Ne vous taisez jamais ! »

Pied de nez railleur et créatif au couronnement officiel du Carnaval de Québec, la Revengeance des duchesses, devenue une véritable tradition annuelle, lançait sa 9e édition jeudi dernier dans un Bal du Lézard bondé et surchauffé. Les neuf prétendantes sont tour à tour montées sur scène pour défendre leur duché à l’aide d’une création de leur choix, alors que les différentes activités du Festival féministe de la Revengeance, échelonnées jusqu’au sacre de la duchesse victorieuse le 16 février prochain, furent annoncées. 

Le gala pluridisciplinaire, agréablement déluré et éclectique, était mené de main de maîtresse par deux figures connues des amateur(trices)s de l’événement : la duchesse de Limoilou et Reine de l’édition 2015, touche-à-tout ubiquiste des médias de Québec, Émilie Rioux, ainsi que la duchesse de Beauport 2010 et créatrice du cabaret Burlestacular, la « municipalement connue » selon ses propres dires, Cristina Moscini.  

Marjolaine Turcotte, duchesse de l’Île d’Orleans, a brisé la glace en interprétant une version a capella émouvante de la pièce de David Portelance, gravée sur disque par Fred Pellerin, Au commencement du monde. Sans accompagnement, problème technique oblige, semblait-il, puisqu’elle avait sa guitare à portée de main. L’instrument a par la suite servi de flambeau entre la duchesse orléanaise et la représentante de Maizeret – le Limoilou de l’autre côté de la trackKaroline Stanton, venue interprétée La complainte du phoque en Alaska, ver d’oreille légendaire de Beau Dommage. Ne sachant pas jouer de l’instrument, Stanton s’interrompt rapidement pour raconter au public sa rencontre avec la classe de Mme Mélanie, professeure en deuxième année, d’une aide précieuse afin de confectionner sa bannière. Le quartier accueillant beaucoup de nouveaux arrivants, il découle de la séance de bricolage une écharpe réellement internationale. Pour terminer, que faire dans Maizeret? Trois points de ralliement selon la duchesse : le parc Bardy, le Domaine Maizeret et une superbe variété d’épiceries. 

De la danse à l’auto-défense 

Suivra sur scène Julie, duchesse de St-Roch, pour effectuer une impressionnante performance de jive sur la chanson thème du film Footloose, accompagnée par un partenaire danseur. « Un autre straight white man qui va nous voler des jobs », lance, sourire en coin, l’animatrice Moscini. La représentante du secteur Aéroport, la mystérieuse Anouchka, espionne russe, vient ensuite offrir un petit cours d’auto-défense. « Peut-être pensez-vous que les hommes de la Haute sont tous civilisés ? », se justifie-t-elle. Sa principale tactique: joindre l’utile au désagréable en criant d’une voix suraiguë « honte au capitalisme sauvage », ou encore « fuck Trump ». Melania, la Première dame des États-Unis, serait une de ses connaissances, une « excellente espionne qui a plus d’un tour dans ses rallonges ». 

Mariana, duchesse de Charlesbourg, impressionne ensuite le public avec un numéro de baladi, pimenté par le maniement du sabre. Le Vieux-Québec, comparé à un film de Disney, avec son château pour les cartes postales et l’absence en ses murs d’une épicerie, est après cela le sujet d’une pièce au karaoké orchestrée par sa duchesse, Émilie III. Le spectacle se termine avec un numéro de danse de la duchesse de Neufchâtel, Joannie, puis un quiz musical proposé par la représentante du duché limoulois, hôte de la cérémonie, Sara La Récup. 

En route vers le couronnement 

La mascotte officielle de la Revengeance, Bonhommette, est bien sûr venue saluer la foule en cours de soirée, résolue et combative dans son mutisme. L’événement annuel faisant « office d’école citoyenne, de partage », selon sa co-fondatrice Marjorie Champagne, trouve toujours sa pertinence dans une volonté de réflexion et de créativité féministe, alors que certains médias tendent à promouvoir un discours qui y est diamétralement opposé.  

Une série d’activités, désignée comme le Festival féministe de la Revengeance, jalonnera la présente édition. Principalement organisée à la Brasserie Artisanale La Korrigane, notons Les médias féministes, une édition animée en direct de l’émission Les Simones suivi d’une table ronde, le 7 février à 18h; la projection du classique tchécoslovaque Les Petites Marguerites de la cinéaste Věra Chytilová, le 8 février à 19h, et bien sûr, le couronnement de la Reine de l’édition 2018, le 16 février à 20h. La Causerie féministe, présentée le 15 février à 19h, aura quant à elle lieu à la Librairie Saint-Jean-Baptiste. 

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