Critique de la nouvelle pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, Temps.

On dit que le temps fait bien les choses

Le Théâtre du Trident et Le Théâtre d’Aujourd’hui ont convié les médias à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec, le 10 mars dernier, pour assister à la première de la nouvelle création de Wajdi Mouawad, Temps. Après la célèbre tétralogie Le sang des promesses (composée de Littoral, Incendies, Forêts et Ciels), les attentes étaient grandes envers cette nouveauté du réputé dramaturge.

En entrant dans la salle, il est plaisant d’apercevoir un décor minimaliste qui n’a besoin que de son symbolisme pour être efficace. On reconnaît très bien la ville de Fermont par cet univers de froide blancheur et son mur-écran qui étouffe tant ses habitants. Le voile blanc, translucide et volatile, disposé sur deux rangées, s’agite lorsque le vent se lève, ajoutant de la profondeur et de la texture à la scène, cette dernière s’animant au rythme des variations d’intensité. Ventilateurs et haut-parleurs géants créent des effets, des jeux d’éclairage identifient les espaces, des objets symboliques donnent corps à un temps, une situation ou encore à un personnage. Tout contribue à communiquer les émotions voulues tout en rendant le produit agréable pour l’œil.

Des personnages vivants

La distribution qui regroupe des acteurs de renommée a sans aucun doute  été choisie avec soin par l’auteur et metteur en scène; la passion et le talent qui animent ces créateurs sont palpables et c’est ce qui rend la pièce d’autant plus vraie. Complexes, mais rendus avec une touchante simplicité, les personnages ajoutent tous leur part de mystère et de souffrance à l’histoire. Inévitablement rejoint par le drame, on se surprend à trouver si belle cette fratrie qui se retrouve dans les pires conditions et on parvient à lui souhaiter du bonheur et de la paix.

Exempte de morale

Sans se vouloir moralisatrice, la pièce présente plutôt un drame incongru qui n’est pourtant pas si différent de celui de bien des familles. Il est d’ailleurs appréciable d’assister à une création où l’on peut pleurer pour qui l’on veut sans devoir être ramené à un raisonnement moral qui forcerait à prendre le parti du personnage ayant les meilleures mœurs. Tout ce qu’il reste à faire à la fin, c’est se demander lequel souffre le plus dans toute cette histoire pour le moins troublante.

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