Le vernissage de l'installation Sud Est Nord Ouest de Marie-Andrée Cormier a pris place dans la grande galerie de l'OEil de Poisson jeudi dernier. Une exposition vidéo qui se veut une visualisation «en dehors de soi».

Orientation contemporaine

Courtoisie, Marie-Andrée Cormier

Le vernissage de l’installation Sud Est Nord Ouest de Marie-Andrée Cormier a pris place dans la grande galerie de l’OEil de Poisson jeudi dernier. Une exposition vidéo qui se veut une visualisation «en dehors de soi».

Raphaël Létourneau

Sud Est Nord Ouest est une oeuvre ori­ginale qui sort des sentiers battus. Elle est constituée de deux écrans sur lesquels sont projetés deux vidéos de la même scène, mais d’un angle diffé­rent. Sur la première, on peut observer une caméra qui tourne sur elle-même en balayant une pièce inachevée remplie de matériaux de construction. À un certain moment, la caméra passe devant deux figurants immobiles encerclés de boîtes de carton. Le second vidéo présente simultanément les actions de ces deux figurants. Ils sont occupés à monter et à démonter des boîtes de carton. Parfois, ils semblent construire quelque chose, mais tout finit par céder éventuellement. L’homme et la femme prennent une expression neutre. Aucun but précis ne semble visé, les mouvements semblent presque aléatoires, aucun chemin n’est tracé. Ce scénario se répète pen­dant plusieurs minutes.

Cette oeuvre nous inspire certaines réflexions. Face à ce portrait, ces murs inachevés et ces gens qui construisent et déconstruisent sans fin, on ne peut voir que la fatalité de l’existence humaine. L’exposi­tion inspire la quête du bonheur et de l’accomplissement de soi, qui est toujours en construc­tion et qui n’atteint jamais son but. C’est là que la réflexion de l’artiste d’être «en dehors de soi» évoque l’observation de nos agissements quotidiens. Ces actions qui tournent en rond et qui ne mènent parfois à rien de concret. Selon cette piste d’analyse, la première ca­méra représenterait le reste du monde. Ces gens dont le regard passe parfois sur notre per­sonne, eux qui nous perçoivent immobiles, comme un élément du décor. Ils ne connaissent pas nos objectifs, nos projets, mais nous ne sommes pas d’un grand intérêt pour eux. Les personnages, comme nous, arrêtent ce qu’ils font lorsqu’ils sont scrutés afin de prendre la pose.

L’artiste, Marie-Andrée Cor­mier, pose aussi cette ques­tion : et si être ailleurs ne nous empêchait plus d’être là? Une interrogation à laquelle on ne peut pas répondre par la piste de réflexion ci-dessus. D’après cette constatation, on remarque qu’il y a mille et une perceptions possibles de ce type d’oeuvre. Il est bien pos­sible que l’on ne saisisse jamais véritablement l’idée de l’ar­tiste, à moins de la questionner directement. Sud Est Nord Ouest est-elle une exposition incon­tournable? Un coup d’oeil vaut la peine pour son côté intri­guant, mais l’appréciation de l’oeuvre demeure très subjec­tive. Certains la trouveront vide de sens, alors que d’autres y verront une quasi-révélation.

À voir jusqu’au 18 novembre à l’OEil de Poisson.

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