Phelipe Soldevila, un graffeur à l’Université Laval

Le graffeur, peintre et muraliste Phelipe Soldevila a donné la conférence « L’art actuel à Québec », mercredi dernier à l’Université Laval. C’est avec audace et humour qu’il est venu parler de la démarche artistique de Canadian Bacon, un collectif composé d’artistes émergents.

Canadian Bacon a le vent en poupe. Après quatre expositions couronnées de succès, Phelipe Soldevila, membre principal de l’organisation, est prêt à renouveler les opérations avec ses compères. Lors de la conférence, il a expliqué que le collectif était à la recherche d’édifices pour y loger leurs futures œuvres. Déterminé, il est persuadé que Canadian Bacon « va vraiment devenir la référence ».

Le muraliste a indiqué en entrevue que tous les membres du collectif sont prêts pour une prochaine exposition. Il a expliqué que la sélection préliminaire des artistes présents au projet était déjà faite dans sa tête. « Ça va être complètement furieux », a lancé le graffeur. Il faut juste trouver le local où réaliser le projet, a-t-il souligné.

« La Ville [de Québec] crée des tagueurs par l’absence de murs » — Phelipe Soldevila

Les difficultés de l’art urbain à Québec

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Phelipe Soldevila – Photo : Cécilia Foissard

L’artiste a fait part de sa frustration envers le manque d’endroits pour peindre dans la Ville de Québec. « Québec est la capitale de notre province et il n’y a aucune place où il est permis de faire de la murale », regrette-t-il.

À titre comparatif, il a pris l’exemple la ville de Gatineau. Selon lui, elle laisse à disposition des artistes pas moins d’une cinquantaine de murs. Le peintre rajoute que grâce à cette démarche, la ville a constaté une réduction de 70 % de tags illégaux.

Pour Soldevila, la solution à préconiser est l’allègement des règles d’urbanisme. Il souhaite aussi faire comprendre aux gens la différence entre art et vandalisme. « Arrêtez de parler de graffitis, on parle de murale […]. La Ville [de Québec] crée des tagueurs par l’absence de murs », a fait comprendre le muraliste. Il encourage la création de plusieurs nouveaux murs qui soient encadrés. Selon lui, c’est un « travail de longue haleine ».

De Canadian Bacon aux projets solos

Outre ses projets collectifs, l’artiste s’est démarqué grâce à ses œuvres en solo. C’est le cas de la murale de 80 mètres de long sur la rue du Pont dans Saint-Roch, peinte cet été. Cette création lui a offert une visibilité à Québec. Pour l’artiste, c’est un « super beau projet », mais aussi une « grosse gaffe ». Le muraliste a expliqué avoir investi 3 000 dollars pour réaliser cette peinture.

En 2015, Phelipe Soldevila a également présenté son exposition « Insolence chronique » en réaction à l’abandon de sa maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. Pour lui, la place accordée à la créativité et à la pratique était moindre que celle allouée à la théorie. Cette exposition était l’occasion pour le muraliste de présenter une vingtaine de créations.

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