CRÉDIT PHOTO : CLAUDY RIVARD

Piano déjanté

CRÉDIT PHOTO : CLAUDY RIVARD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La foule réunie au Petit-Champlain pour entendre Julien Sagot le 13 septembre dernier a eu droit à un concert surprenant, captivant et orchestré par un créateur chevronné. 

 Justine Pomerleau Turcotte

Tout d’abord, une atmosphère. C’est l’hypnotisante Trucifier qui a ouvert le bal, précédée d’un puissant méli-mélo d’échantillonnages sonores, gracieuseté de Martin Lizotte. Caché derrière sa forteresse de claviers, ce dernier ne passe pas inaperçu, avec son veston d’une autre époque, ses lunettes gigantesques et sa perceuse lumineuse (!). Puis, l’exubérance de l’introduction s’efface pour voir entrer un Sagot simple, cool et détendu, qu’on sent dans son élément.

Connaissant son goût marqué pour l’expérimentation, on ne se serait pas attendu à une vulgaire transcription scénique du contenu de l’album Piano Mal, paru en février dernier. Pour notre plus grand bonheur, celui qu’on a longtemps vu au sein du noyau rythmique de Karkwa s’éclate avec ses musiciens, nous donnant droit à des passages improvisés et à une musique vivante, jamais figée. La cohésion est visible, la communication, efficace. Julien Sagot est un sculpteur sonore, et les instruments de musique sont des outils qu’il adapte à sa guise; ainsi, sur l’excellente Squelette le piano à queue est trafiqué pour évoquer le son du clavecin, et les baguettes servent autant à cogner les congas qu’à caresser les cordes de la guitare électrique. Ces innovations bonifiées de moult effets sonores font entendre un son dense, touffu, riche, mais équilibré.

L’artiste est naturel sur scène, d’une charmante nonchalance qui lui est caractéristique. Il déambule en déclamant ses vers surréalistes, joue avec le peu d’espace libre d’amplis et de fils, joue avec sa chaise… Après un couplet de Piano mal, il lance : « On n’est pas des machines… quand on se trompe, on peut recommencer! » Rafraîchissant; la musique n’est après tout pas un combat pour la perfection, et le plaisir des musiciens est proportionnel au plaisir de l’auditoire. Julien Sagot ne fait pas comme tout le monde, mais on ne s’en plaint pas!

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