L’étudiante au baccalauréat en arts visuels, Marie-Claude Gendron, est dans le vent de l’art actuel avec ses installations et ses performances.

Précarité et témérité

Avant de se tourner vers l’art actuel, Marie-Claude Gendron pratiquait surtout la peinture. Elle faisait ses études au Cégep de Sainte-Foy lorsqu’elle a suivi un atelier sur la performance donné par l’artiste multidisciplinaire Émily Laliberté. Ce n’était toutefois pas une évidence aux yeux de Marie-Claude que cette forme d’expression allait devenir une passion. «Au départ, je n’avais pas assez d’assurance pour faire de la performance. Ça s’est développé à force d’en faire. J’ai découvert une symbolique qui m’est propre», explique la jeune femme.

De ses œuvres émanent effectivement un symbole, ou plutôt un principe : la précarité. Issue de l’exposition collective Petit traité de ma monomanie, son installation intitulée «Mes apologies» en est un récent exemple. «C’est un commentaire sur l’éphémère», affirme-t-elle en parlant de son œuvre: sept compositions dans lesquelles on retrouve notamment des fleurs séchées, des objets en vitre, de la dentelle abîmée, de l’écorce et de petites citations. «La mémoire a tendance à glorifier des choses qui ne sont rien, comme pour vouloir conserver le temps, fait remarquer la finissante au baccalauréat en arts visuels. La précarité est dans les choses qui ne durent pas et qu’on s’acharne à conserver.»

Cet aspect émane également des performances de Marie-Claude Gendron. «Il y a ce petit quelque chose qui cloche, un déséquilibre», avance-t-elle en spécifiant qu’il lui arrive, dans son utilisation de l’espace, de monter sur des objets plus ou moins stables. «C’est un élément qui revient, à la fois incontrôlé et planifié», dit-elle, un sourire timide aux lèvres, comme pour s’excuser de la nébulosité de son propos.

Ce n’est pas tant dans un but engagé qu’esthétique que l’artiste conçoit ses créations. «J’aime faire quelque chose de plaisant, représenter un retour au calme, une bulle de beauté, créer des images poétiques fortes», raconte celle qui, par l’objet ou par le corps, saisit la «poésie qui est là, indéniable».

Marie-Claude Gendron a également compris que les nombreuses possibilités offertes par l’art actuel n’excluent pas le financement. Celle-ci, ayant quelques organisations d’événements de performance à son actif, admet que grâce à la communauté artistique, il est possible d’amasser de petits cachets.

Celle-ci évolue au sein d’un collectif, avec lequel elle a mis sur pied les éditions C’est beau escabeau, qui produit et distribue à très peu d’exemplaires des fanzines. Le groupe a déjà sorti trois éditions de ces petites parutions indépendantes et artisanales. «On se cherche des moyens, des endroits qui misent sur la collectivité et l’entraide, plutôt que de faire appel à des subventions», explique la jeune artiste en ajoutant que le projet est né grâce au Salon Nouveau Genre, un événement servant de plateforme pour les artistes émergeants et indépendants. La subvention n’était pas envisageable étant donné le statut étudiant des participants. «C’est une bonne chose en même temps, parce que c’est justement à la Fabrique qu’on a le temps de se réunir en atelier et de faire des projets en groupe», soulève l’étudiante, optimiste, posée, sûre d’elle.

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