Deux installations de l’artiste montréalaise Diane Gougeon occupent présentement l’espace de la Galerie des arts visuels de l’Université Laval.

Que sera, sera

Avec la présence de plus en plus ressentie des arts qui se situent au croisement des chemins entre la recherche technologique et la démarche artistique personnelle, il faut se rappeler que toute œuvre d’art cherche, d’abord et avant tout, à créer un dialogue entre le créateur et son public. Puisque le paysage de Québec est présentement peuplé de ces nouvelles formes d’art, en grande partie grâce au Mois Multi (MM12), un arrêt à la GAV de l’Université s’impose comme port d’entrée dans ce monde où l’hybridité est chose courante.  

La Galerie nous propose PFFUIT2, deux pièces installatives de l’artiste montréalaise Diane Gougeon. La première est une nouvelle présentation de l’installation «Glaçage» qui remplit en grande partie l’espace disponible et qui se décline en deux parties. D’un côté, l’artiste a érigé un mur central entre deux colonnes afin d’y poser un système de réfrigération bien particulier. Autant le condensateur que les conduits de fréon sont visibles à l’œil et le tout produit un «trrrrrrrrrrrr» sonore qui nous indique ordinairement de bien fermer la porte du réfrigérateur. Sauf que la porte n’y est pas. C’est plutôt l’entièreté de l’espace d’exposition qui se voit refroidi volontairement par le dispositif tubulaire enduit d’un glaçage givreux. Ce mécanisme est aussi éclairé par une lumière phosphorescente qui fait ressortir les traces ultraviolettes d’un motif floral situé sur le mur temporaire. Le rapport avec la nature se fait évident, par les lignes organiques du dessin et par le changement continuel de la matière environnante.

De l’autre côté de la Galerie, un diptyque de panneaux d’affichage électromagnétiques et son ensemble informatique est posé au mur. Les mots qui déferlent sur cette technologie maintenant obsolète sont graduellement remplacés par des écriteaux en diodes électroluminescentes tirés du film L’homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock. Le message signale un abandon vis-à-vis un futur incertain, car le «Que sera sera…» s’affiche périodiquement avec le bruit subtil de plusieurs centaines de petites fenêtres qui s’activent et s’éteignent continuellement. L’addition des deux éléments de l’installation crée finalement un rapport de circonstance entre les différents intervenants: la nature, le temps, les médias et l’homme. Mais c’est au visiteur de se positionner face au propos de cette énigme sonore et conceptuelle.

La deuxième œuvre de l’artiste semble beaucoup plus modeste si nous la considérons simplement par les moyens utilisés. Il s’agit d’une série de ballons gonflés à l’hélium, fixés au sol en rangs. Encore une fois, une citation nous est présentée, cette fois ci provenant de l’économiste britannique John Maynard Keynes: «IN THE LONG RUN, WE ARE ALL DEAD :)». La phrase rappelle la précarité de toute entreprise humaine.

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