En spectacle au Grand Théâtre les 2 et 3 mai, Daniel Bélanger s’est présenté à l’image de son nouvel album Paloma : convaincant, malgré quelques petits déséquilibres. Entre l’ancien et le nouveau, l’auteur-compositeur-interprète n’a pas fait l’erreur de négliger ses classiques ni de passer à côté de ses plus récents succès.

Au contraire de ses dernières prestations beaucoup plus pop et jazz, celle-ci détonait par son caractère progressif, presque psychédélique. La prégnance des percussions, la projection d’images de macrophotographie et d’effets visuels sur grand écran, la pluralité des instruments et des tons contribuaient à créer une atmosphère d’une autre époque, profonde et rêveuse.

Peu bavard, l’artiste n’en était pas moins comique et reconnaissant, exprimant à plus d’une reprise sa joie d’être présent. Pour le rire, l’auditoire était servi : en plus des interventions ludiques de Bélanger, l’introduction se révélait elle-même assez cocasse, entre l’ironie et le ridicule. Une voix hypnotique répétait à l’auditoire de se concentrer sur son visage… jusqu’à ce que le bonheur soit atteint. Voilà qui annonçait le caractère déstabilisant, mais doucement euphorique du spectacle.

Percussions et diversité

Lesdites percussions pourraient avoir été jugées trop insistantes, parfois allant jusqu’à étouffer la voix chaude et timbrée de Daniel Bélanger. Fort heureusement, ça a été de courte durée : à mesure que le spectacle avançait, la prestation se révélait de plus en plus équilibrée.

Point fort : la diversité musicale s’est illustrée tout au long la soirée. Accompagné de quatre musiciens, l’auteur-compositeur-interprète a su renouveler – « palomer », pourrait-on dire – ses succès des Insomniaques s’amusent, de Quatre saisons dans le désordre, ou de Rêver mieux. À ce sujet, l’instrumentale Prédications a habité pendant quelques mesures la magnifique Opium. Audacieux mélange qui a porté ses fruits.

Rêver… Paloma?

À naviguer entre ses albums, ce grand du pop-rock québécois prenait le risque de s’éparpiller. Si les spectateurs pouvaient s’attendre à ce que Paloma trace la voie, Bélanger n’y a finalement consacré, lors de la première partie, qu’une seule chanson, Tout viendra s’effacer, qui a lancé le spectacle. Quoi qu’il en soit, il a maintenu le cap, dirigeant habilement sa prestation, dans une courbe d’intensité qui frisait la perfection. Comme de fait, déjà à l’entracte, il était ovationné.

Avec pas moins de six chansons sur les vingt – sans compter celles au rappel –, Rêver mieux est arrivé bon deuxième dans la catégorie des albums présents sur scène. Chante encore a lancé le bal. Fou n’importe où, Dans un spoutnik et Intouchable et immortel ont par la suite été jouées tour à tour. Te quitter, puis la chanson éponyme se sont ajoutées un peu plus tard. Autant de titres pour charmer les nostalgiques.

Dans l’ordre des choses

La deuxième partie du spectacle s’est révélée davantage dans l’ordre des choses. Sur les dix chansons, cinq étaient de Paloma. Notons entre autres Le fil et Ère de glace, délicieusement rythmées et entraînantes.

Plus dynamique, la seconde moitié ne détonnait tout de même pas avec le reste, de sorte que déjà c’était l’heure du rappel, et les gens dans la salle en auraient pris pour encore longtemps. Pour clore son spectacle, Daniel Bélanger est revenu à ses débuts : une Folie en quatre intime, acoustique, qui a cristallisé ce moment de communion entre l’artiste et son public. Enfin, Ensorcelée a fermé la boucle, dans une explosion d’entrain qui a rappelé les premiers temps de l’auteur-compositeur-interprète

C’était donc un Daniel Bélanger charmeur qui s’est retrouvé sur scène. Dans une atmosphère à la fois calme et éclatée, il a donné un spectacle qui, loin d’être soporifique, a fait rêver du début jusqu’à la fin.

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