Sauf que j’ai rien dit

Diplômée de l’Université Laval, Lily Pinsonneault lançait son tout premier roman Sauf que j’ai rien dit au début du mois de mars. L’auteure du blogue ma-querelle.net y a osé la langue parlée.

Une langue parlée pour faciliter la rédaction? Certainement pas! « Des fois, les gens pensaient que j’écrivais rapidement parce que c’est une langue parlée, comme s’il n’y avait pas de réflexion dans la langue que j’utilisais parce que c’était une langue familière », affirme l’auteure.

Elle avoue ne pas se reconnaître dans le joual littéraire. « Je me disais “quelle langue on parle, nous?” On ne parle pas cette langue-là, on fait des fautes, ça n’a aucun sens, mais on se comprend et c’est ça la beauté de la chose. »

Il faut se le dire, l’histoire de Joseph et Jolen, les protagonistes de Sauf que j’ai rien dit, c’est un peu l’histoire de tout le monde. L’histoire de tous ceux qui ont aimé, et qui ont attendu, en vain. C’est l’histoire de toutes les histoires d’amour qui n’aboutissent à rien. Il ne faut pas avoir peur de s’y plonger parce qu’après la lecture, on se sent moins seuls, on se sent encore plus humains et parce que ça fait du bien.

L’auteure raconte que l’une de ses connaissances lui a affirmé, après le lancement, que « ça donne vraiment le goût d’être femme et fière, ton affaire ».

« De quoi ça parle ton affaire? »

Celle qui a dû résumer à la grand-mère de son copain la trame de son roman qui lui demandait : « de quoi ça parle ton affaire ? » a utilisé ces termes : « c’est une jeune femme dans la vingtaine qui a tout en main pour être heureuse, mais qui n’est pas capable de s’enlever de la tête que si elle avait un chum, elle serait heureuse ».

Mais il faut plonger dans l’œuvre pour découvrir la plume de Lily Pinsonneault. Il faut amorcer la descente dans son univers pour en saisir le propos juste et actuel. Sa voix oblige à l’introspection, une introspection qui étampe un sourire dans la face, un sourire qui ne part pas avant la dernière ligne.

Sauf que j’ai rien dit, c’est comme un suçon qu’on ne veut pas lâcher avant d’être rendu sur le bâton.

Une blague payante

Questionnée sur son parcours éditorial, la jeune femme assure avoir été très surprise de recevoir un retour positif de la maison d’éditions Québec Amérique. « Je leur avais écrit presque en blague et je m’étais dit, bon, je n’ai rien à perdre », confie Lily.

La jeune femme, qui hésitait à s’autoproclamer auteure, n’a plus peur de le faire avec ce premier roman. Elle n’a jamais douté de ses capacités, mais a essuyé plusieurs refus. « Moi, en fait, je n’ai jamais eu de reconnaissance de mes pairs avant le roman. J’ai tout le temps soumis à plein d’endroits, je me suis toujours fait dire non, mais je me disais, je fais ce que j’aime faire, je vais continuer », affirme-t-elle.

Lily Pinsonneault n’attend pas que ça sonne à la porte pour se lancer dans un nouveau projet. Elle travaille déjà sur une exposition de photographies pour l’été prochain.

Consulter le magazine