Crédit : Nicola-Frank Vachon

Sauver des vies à la Bordée jusqu’au 23 mars: sauver ce qu’il y a…et ce qu’il reste

À 48 ans et à la mi-vingtaine, Murielle (Sophie Dion) et Maude (Ariel Charest) voient le sens de leur vie grugé par la maladie. Chacune adoptera une attitude différente. La première voudra cacher les faits à ses fils, et l’autre refusera de se battre contre sa maladie et choisira de plonger les yeux grands ouverts dans ce qui est, dans ce qui resteDerrière chaque choix réside un océan de peur, de révolte, de désespoir, d’amour envers ceux pour qui la vie continuera, sans ellesTandis que Murielle, dans le déni, se souci de l’avenir de ses fils, trop jeunes pour perdre leur mère, Maude est horrifiée et révoltée par la maladie qui lui interdit de vivre le bonheur avec celui qu’elle aime, un bonheur qui aurait pu leur appartenir.  

Deux femmes. La vie. La mort. La maladie. L’amour.  

La pièce débute cinq ans après le décès des deux femmes. On comprend d’emblée, à travers la conversation du fils de Murielle et de l’amoureux de Maude, l’issue de « l’aventure » : la mort. On retourne ensuite cinq années plus tôt où l’on retrouve la mère parmi les siens au domicile familial d’une part, et la jeune femme en voyage back pack d’autre partSi l’on assiste à une narration plutôt linéaire chez Murielle, on observe des allers-retours dans le temps chez Maude, entre sa rencontre avec Étienne (Marc-Antoine Marceau)son futur amoureux, et sa vie de couple troublée par la maladie.  

Dans un décor réaliste où l’action se déroule dans une maison, une auberge et un hôpital, on y voit se chevaucher, voir visuellement se croiser les vies des deux femmes. Les transitions entre les moments de Murielle et sa famille et ceux de Maude avec son amoureux sont fluides et claires, tantôt unies par une musique et tantôt reliées par un geste identique, repris par quelqu’un d’autre. Les personnages partagent tous la même aire de jeu, tandis que le lieu évoqué varie en fonction des scènes. Les deux réalités se croisent, d’abord symboliquement, puis physiquement.  

Il faut souligner la sensibilité des comédiens qui arrivent à nous transmettre, avec force et tendresse, le texte magnifiquement humain de Pascale Renaud-Hébert, qui en assure également la mise en scène. Il ne s’agit pas de dénoncer ou de légitimer le caractère complexe de l’être humain, en passant par la lâcheté, l’amour, l’égoïsme, la tendresse, la haine et le désespoirIl est plutôt question de dire la vie et ses petits moments, ses petits détails, d’en aborder les sujets qui nous rejoignentqui favorisent l’identificationPour toutes ces raisons, l’écriture de cette jeune autrice nous émeut et rend l’écoute, le rire et les larmes faciles.  

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