Critique musique : Shenanigans de Fire/Works

Le nom du groupe nous indique-t-il que le duo formé par Jonathan Peters et David Lagacé n’hésite pas à faire exploser les limites des styles ? Peu nous importe : après une écoute de leur dernier album, Shenanigans, on sent que l’éclectisme des pièces est organisé avec une justesse, un charme et son lot d’arrogance.

« Shenanigans ». En français, on dirait « manigances », un terme qui va fort bien à l’univers créé par les deux Montréalais. Ils nous offrent une promenade d’automne dans un boisé musical qui nous semble familier, mais qui devient rapidement mystérieux, voire magique. Le duo chante avec espièglerie à propos des jupes des filles, d’éléphants et d’esprits ancestraux. Le petit bois de leur musique se transforme en forêt dense, mais aérée, d’où se dégage une musique fine, subtile et cohérente.

En seulement deux semaines d’enregistrement, les deux complices ont produit une flore mélodieuse très riche. Un tout très harmonieux, qui se prend tout d’un coup. On presse play, on se fait un thé et on se coule dans ce beau monde coloré. Les pièces StaircaseBicycle Thief, Elephant et Folklore valent le détour.

Des mélodies accrocheuses, sans tomber dans la facilité ou le cliché, voilà un exploit difficile à réaliser, mais les gars de Fire/Works y arrivent sans effort. L’atmosphère de Shenanigans rappelle celle reprise par plusieurs artistes de grand talent. On peut penser à Patrick Watson en entendant la voix vaporeuse du chanteur, à Grizzly Bear dans les arrangements brillants, à Fleet Foxes pour le côté « poète des bois » et à John Father Misty pour le « n’importe quoi un peu grivois ». Malgré les comparaisons, le duo a une identité bien à lui, une touche « Fire/Works ». Bref, un petit « humpf » qui nous pousse à recommencer l’album pour une dixième fois en une semaine.

 4/5

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