C’est par fidélité envers Normand de Bellefeuille qu’Alain Beaulieu publie son nouveau roman dans cette nouvelle maison d’édition qu’est Druide, et ce, dans la collection Écarts.

Si c’est un rêve, je le saurais

Malcom

C’est par fidélité envers Normand de Bellefeuille qu’Alain Beaulieu publie son nouveau roman dans cette nouvelle maison d’édition qu’est Druide, et ce, dans la collection Écarts. Quelque part en Amérique, comme son nom l’indique, se situe sur le Nouveau Continent (petit indice : dans le pays le plus grand ), et raconte l’histoire de Lonie et de son fils Ludo, immigrants illégaux qui rêvent d’une vie meilleure sous le drapeau étoilé. Ils échapperont de peu au pire, avant de subir une terrible épreuve qui viendra bouleverser leur vie.

Histoire classique du rêve américain lu et vu plus d’une fois, Quelque part en Amérique n’apporte pas de nouvelle pierre à l’édifice, se contentant de décliner sous une forme accessible et pas trop compliquée les différentes et difficiles étapes de l’étranger voulant s’intégrer à ce grand pays qui prend plus qu’il ne donne. D’ailleurs, à part quelques exceptions ici et là bien vite évacuées par la dictature du récit, Beaulieu n’offre pas véritablement de réflexion sur l’Amérique et préfère se concentrer sur l’histoire à raconter et les personnages à développer. On ne peut que regretter cette grande lacune, qui aurait porté le roman à un niveau supérieur, lui qui ne jouit que d’un classicisme dont on finit par se lasser.

Deux éléments sont, entre autres, à la source du problème : l’absence de noms propres en ce qui a trait aux villes – ce qui place le récit dans un espace mal défini –, et parfois un soudain élan poétique qui jure avec le reste de la narration, pourtant bien terre-à-terre la majorité du temps. Ce drame humain, au demeurant bien ficelé, satisfera qui voudrait être accompagné de personnages réalistes et bien développés au cours de sa lecture.

Dans son mot final retraçant la genèse du roman, Alain Beaulieu explique qu’après l’Amérique centrale du Postier Passila et les États- Unis de Quelque part en Amérique, il est revenu chez lui et ce qu’il écrit lui confirme que « l’égarement devient inquiétant quand il s’installe dans la partie la plus fragile de notre corps : notre cerveau. » Égarement signifie-t-il pour lui « sortir de sa zone de confort » ? Faut-il comprendre que ses prochains romans se dérouleront à nouveau dans la ville de Québec?

 

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