Symphonie du Nouveau Monde : sublime harmonie

En ce mercredi 13 octobre, le palais Montcalm a ouvert ses portes à la cheffe d’orchestre Valentina Peleggi pour nous interpréter trois morceaux : Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel, le Concerto pour piano n° 2 de Camille Saint-Saëns et La symphonie n° 9 dite « Du Nouveau Monde » d’Antonín Dvořak.

Par Camille Sainson, journaliste collaboratrice

Le silence se fait progressivement dans la salle, les lumières s’éteignent, seuls les musiciens restent sous les feux des projecteurs. Plus rien ne bouge, tout le monde semble retenir sa respiration, une main se lève, maintient la pause puis s’abaisse et la musique s’éveille. La salle disparaît, une douce journée ensoleillée s’empare de nous, le temps s’absente momentanément. Liés par le piano, les deux premiers morceaux font la part belle au calme et à la volupté, la musique se fait décors de nos pensées qui voguent déjà bien loin. Soulignons la performance impressionnante du pianiste Inon Barnatan qui a su transmettre son amour de la partition. Sa dextérité à mêler, superposer, associer les touches dans un enchevêtrement de noir et de blanc nous laisse ébahis. La quiétude laisse place au grandiose, les instruments révèlent toute leur puissance, et si le concerto clôture la première partie, son écho résonne encore en nous lorsque les lumières se rallument.

Entracte. Nous réintégrons pour un temps le monde réel, les bruits de pas, des vêtements qui se froissent, quelques paroles échangées, tout semble refaire surface, éclore de manière différente, assourdi par le bruit d’une mélodie qui s’est imprégnée en nous.

Le silence se fait de nouveau, les spectateurs sont prêts pour la dernière partie, pour l’arrivée dans le Nouveau Monde. L’orchestre symphonique de Québec et Valentina Peleggi signent ici leur plus belle prestation, les accords sont majestueux, les sonorités nouvelles, l’harmonie magistrale, nous touchons presque au sublime, nous pouvons le sentir. Notre grain de peau se soulève lors du mouvement allegro con fuoco, nous sommes en 1892, l’Amérique se dresse face à nous dans toute sa splendeur, dans tout son exotisme.

Violons, contrebasses, flûtes, hautbois, clarinettes, trompettes, cors, cymbales et timbales se déchaînent, nous sommes attirés dans un tourbillon de paysages, des grandes plaines aux villes tentaculaires, nous voyageons avec émotion jusqu’à finalement parvenir à destination. Le ton est donné pour la soirée, nous ne voulons plus que la musique cesse, nous ne voulons pas du dernier accord, pas encore. Pas encore…

 

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