Temps et marées : les laissés pour compte

À la suite de visites en Basse-Côte-Nord en 2012, Sébastien Rist et Aude Leroux-Lévesque ont décidé de tourner leur lentille vers ceux et celles qu’on appelle les « Coasters ». Ils sont québécois, anglophones. Les plus jeunes seront bientôt tous partis, et leurs parents resteront là, à tenir le phare. Présenté au Cinéma Cartier les 9 et 13 février à 19h30 en présence d’un des réalisateurs et d’un protagoniste du film.

Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts

Le bec à l’eau

« Pendant des siècles, ils ont vécu de pêche à la morue. Mais en 1992, un moratoire national sur la pêche à cette espèce alors menacée bouleverse tout et détruit l’économie des villages côtiers. » Trente ans plus tard, la communauté de Rivière Saint-Paul, avec ses 37 élèves, ses maisons vides, semble être sur le point de mourir. Mais pour les plus vieux, l’expression « tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir » semble prendre tout son sens.

Ce qu’il restera du monde

En écoutant Temps et marées, j’ai eu l’impression d’un Pour la suite du monde à rebours. La caméra des cinéastes, comme celle de Pierre Perrault, est présente, mais discrète et intime. La mise en scène, parce que forcément présente, est transparente; personne ne parle pour les Coasters. Entre les plans de paysages immenses et ceux des sous-sols à moitié finis, la facture visuelle est sublime et nous avale. Mais si les sujets de Perrault ont quelque chose entre les mains, ceux de Rist et de Leroux-Lévesque n’ont plus qu’une poignée de sable entre les leurs. Du sable à écouler, à transformer, du sable en héritage forcé.

Temps et marées est avant tout le portrait de gens qui ne savent pas abandonner. 
Pour en voir plus
Pour ceux et celles qui voudraient voir encore plus d’images de la Basse-Côte-Nord, il y a le très drôle et beau film de Jean-François Pouliot, La Grande séduction. Le long métrage se déroule à Harrington Harbour (environ 300 km au Sud de Rivière Saint-Paul).

Crédits photo: Cinema Clock

 

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