Les Hardings : le poids du nom

Trois hommes portant le même nom nous racontent leurs tragédies, leur tragédie.

Par Clara Mercier, journaliste collaboratrice aux arts et à la culture

En 2013, un train transportant des substances explosives a déraillé et a mis le feu au village de Lac Mégantic. Le dernier responsable : Thomas Harding. C’est celui que l’on pointe du doigt.

Dans la pièce Les Hardings, l’autrice Alexia Bürger fait revivre cette tragédie et questionne la notion de responsabilité et de culpabilité. 

Une structure évoquant un tunnel ferroviaire occupe tout l’espace scénique. Derrière, en coulisse, on voit les comédiens – ou les personnages, se demande-t-on – circuler, sans se cacher du public, tandis que les lumières de la salle sont encore allumées. Est-ce un choix de mise en scène ? On est agacé par l’ambiguïté générée par le manque de sens, d’effet. 

Dès lors que les comédiens sont en jeu, on est vite captivé par le charisme de l’assureur américain (Martin Drainville) et touché par la fragilité du chauffeur de train québécois (Bruno Marcil). Néanmoins, le jeu peut-être trop mesuré de Patrice Dubois dissone avec ceux des deux autres comédiens qui s’ancrent dans une interprétation plus contenue, plus décontractée. On aurait préféré cette « théâtralité » dans une pièce plus classique.

D’un autre côté, il faut souligner la qualité de l’éclairage qui soutient les propos des personnages et nous les rend immersifs.

De plus, la forme chantée ou dansée de courts épisodes transitifs permet de varier le ton de la mise en scène, en plus de mettre en valeur le choeur que forment les trois hommes. 

Par ailleurs, malgré le dynamisme de la mise en scène, la trame de la pièce est éclectique. Un déséquilibre dans le contenu des trois histoires nous fait questionner la pertinence de leur réunion. L’histoire du chauffeur de train aurait peut-être suffi à mettre en lumière la question de responsabilité collective et individuelle. Le poids narratif de l’assureur, moindre par rapport aux autres, semble superflue. On ne comprend pas en quoi il rejoint l’histoire des deux autre Harding.

La pièce Les Hardings nous intéresse par sa mise en scène et sa scénographie, mais la maladresse par laquelle sont unies les tragédies nous laisse perplexes. Toutefois, il faut noter la pertinence de la problématique que questionne la pièce. Le conducteur du train, Thomas Harding, aurait-il pu éviter l’accident. Était-ce un accident ? Et cette responsabilité, jusqu’où s’étend-t-elle ?

La pièce est présentée au Théâtre de La Bordée jusqu’au 7 décembre.

Crédits photo : Valérie Remise

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