Thor : Love and Thunder – Entre hilarité et gravité

Après l’odieux Spider-Man : No Way Home, le décevant Doctor Strange in the Multiverse of Madness et entre quelques séries Disney+ aux résultats pour le moins inégaux, nous voici de retour dans les salles obscures pour découvrir ce quatrième volet des aventures de Thor, dieu du tonnerre. L’aventure proposée ici par Taika Waititi n’est peut-être pas la plus originale qui soit, mais elle a le mérite d’être envoûtante, drôle et plutôt bien ficelée en termes de dramaturgie. Pour être honnête, jamais je n’aurais pensé sortir d’un film Thor aussi enthousiaste.

Production : Marvel Studios | Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures | Genre : Comédie d’action | Réalisation : Taika Waititi | Scénario : Taika Waititi et Jennifer Kaytin Robinson | Acteur.rices : Chris Hemsworth, Christian Bale, Natalie Portman, Tessa Thompson, Jaimie Alexander, Russell Crowe | Durée : 119 minutes | Sortie en salle : 8 juillet 2022

Par William Pépin, chef de pupitre aux arts

L’histoire fait suite aux événements de Avengers : Endgame, où nous avions laissé un Thor en pleine crise existentielle et aux côtés des Gardiens de la Galaxie. Nous le retrouvons donc ici en pleine quête de lui-même, quête qui sera interrompue par l’arrivée de Gorr, un tueur de dieux qui fera tout pour assassiner le fils d’Odin et ses semblables.

Enfin, de vrais enjeux

Avec tout ce que l’on peut lire de négatif sur le film, je dois avouer que je m’attendais au pire : c’est avec appréhension et l’œil acerbe que j’ai pris place sur mon siège, dans l’attente d’assister à ce que j’aurais sans doute qualifié de « bouse cosmique » si, contre toute attente, le film ne m’avait pas surpris par sa qualité. Taika Waititi nous engage dans une aventure qui, certes, a déjà été mille fois vu ailleurs, mais qui a le mérite de proposer de vrais enjeux et des retournements déchirants. Ici, même la foudre de Thor, la technologie d’Iron Man ou encore les pouvoirs mystiques de Docteur Strange ne peuvent venir à bout de certaines épreuves.

Le cas Christian Bale

Même si je ne connaissais pas vraiment l’histoire de ce Gorr, cet antagoniste tueur de dieux adapté des comics, l’embauche de Christian Bale pour interpréter le personnage avait tout pour m’intriguer, d’autant plus qu’il semblait plutôt terrifiant à en juger par les bandes-annonces. Je trouve d’ailleurs le résultat assez convaincant : on fait la rencontre d’un Bale rarement vue au cinéma, sauf peut-être dans American Psycho, avec ses mimiques à mi-chemin entre un jeu d’acteur brillant et une performance clownesque. À de nombreuses reprises, la performance de Bale frôle le cabotinage sans pour autant devenir risible. Le reste du casting s’en sort également plutôt bien, hormis quelques passages avec une Natalie Portman au jeu vaporeux et un Russell Crowe qui en fait un peu trop.

À de nombreuses reprises, la performance de Bale frôle le cabotinage sans pour autant devenir risible.

Love and Thunder : un film musical?

Michael Giacchino, compositeur ayant déjà confectionné les trames sonores du premier Doctor Strange et des trois derniers Spider-Man, présente ici des morceaux entraînants. Contrairement à la majorité des surproductions actuelles, la musique ici ne se contente pas d’accompagner l’action : elle la met en valeur, voire la sublime. De plus, les morceaux les plus populaires de Guns N’ Roses s’entremêlent à l’ensemble avec efficacité. La touche hard rock est bien dosée : on reste à l’intérieur du film, sa diégèse est préservée.

Amour et médiocrité

Si on oublie son climax charcuté, le film bénéficie d’un rythme impeccable. Avec un scénario s’insérant dans un temps ni trop long, ni trop court, Taika Waititi et Jennifer Kaytin Robinson réussissent à nous captiver du début à la fin. Plus drôle que Thor : Ragnarok, ce Love and Thunder possède aussi la qualité d’être moins éparpillé et plus habile dans le traitement de ces thématiques. On retrouve toutefois certains problèmes récurrents chez Marvel : des fonds verts mal incrustés, des dialogues et des retournements scénaristiques qui n’ont aucun sens, un humour parfois trop insistant et une formule sérielle qui s’essouffle de plus en plus. Mais ces défauts, pour une fois, ne font pas trop d’ombre aux qualités du long métrage. L’immersion fonctionne, la dramaturgie également et certaines scènes offrent des visuels vraiment marquants. Attention : ce Love and Thunder n’a rien de révolutionnaire, loin de là. Il est tout de même à des années-lumière de cet étron cosmique que j’avais anticipé avec, je l’avoue, une pointe de mépris. Que ce film me serve de leçon.

© Crédits photo : Marvel Studios

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