Triptyque atmosphérique

Soirée chargée pour les mélomanes au Cercle le 28 novembre dernier : un spectacle généreux mettant en vedette Jimmy Hunt ainsi qu’Elliot Maginot et Organ Mood en double première partie.

La soirée fut lancée par Elliot Maginot, récente recrue d’Indica. Lui et son petit groupe ont livré une pop éthérée, accessible. La roue n’a pas été réinventée, mais la conviction de l’interprétation nous a fait passer un agréable moment, quoique court (trois chansons).

Changement de cap avec Organ Mood : le duo formé du vidéaste Mathieu Jacques et de l’expérimentateur sonore Christophe Lamarche-Ledoux nous a servi un clavier-roi au coeur d’un électro touffu et des projections à la Norman McLaren, le tout en symbiose.

22h45, la tête d’affiche était très attendue. Trois ans après son premier album éponyme, Jimmy Hunt est venu présenter presque intégralement son dernier-né, Maladie D’amour, dans les bacs depuis octobre. D’Antilope à Drama, les titres ont défilé, dans le même ordre que sur l’enregistrement, presque sans interruption et arborant sensiblement les mêmes arrangements riches et sophistiqués. Sur scène, l’auteur-compositeur-interprète originaire de Saint-Nicolas sait s’entourer : le band en fonction, composé de François Lafontaine (claviers), José Major (batterie), Emmanuel Éthier (guitare) et Maxime Castellon (basse), a du métier et ça s’entend.

Jimmy Hunt a une dégaine qui lui est propre, une sensualité et une sensibilité à fleur de peau qui teintent toutes ses chansons. D’allure réservée, il n’intervient que rarement entre les pièces et adopte l’attitude d’un musicien de groupe plus que d’un soliste-vedette. Marie les bleus nous lance un groove contagieux, avec ses riffs de basse un brin rétro (un son qu’on retrouvera dans plusieurs compositions). Denise joue les audacieuses dans les breaks du refrain, par ailleurs très accrocheur. Nos corps, plus énergique que sur l’album, est un moment fort de la prestation; déjà bien connue d’une bonne partie du public, elle fut l’occasion de faire scintiller la boule miroir et de faire dodeliner les uns, danser les autres. On gagne en profondeur avec Maladie D’amour, une sorte de complainte du stalker romantique franchement bien amenée.

Qui dit arrangements touffus dit défis de sonorisation. Les basses étaient encombrantes par moments, noyant un peu les paroles dans la masse.

Généreux, Jimmy Hunt nous offre en rappel trois pièces du précédent opus : Everything crash, Les moineaux et les loups et Motocross, chacune profitant ici de la collaboration de Lafontaine pour s’habiller de claviers percussifs. Il couronne le tout d’un jam un peu long, certes, mais que le talent des musiciens justifiait amplement.

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