Troisfoistrois: Une pièce qui sort du lot

En décembre, Les Treize présenteront la pièce Troisfoistrois, récipiendaire de la bourse Jacques-Duchesne. Sélectionnée par lors du Festival de théâtre de l’Université Laval (FTUL) l’hiver dernier pour être produite cet automne, cette création promet d’offrir une expérience théâtrale originale à son public.

La metteuse en scène de la pièce, Aube Forest-Dion, et la directrice de production, Barbara Terrisse, feront découvrir à leur auditoire une création de danse-théâtre. À travers cette œuvre, elles désirent rejoindre les spectateurs par les sens. « On croit que les gens se reconnaîtront dans certaines situations. Cela dit, on ne veut pas que le public fasse un raisonnement par rapport à ce qui se passe, mais qu’il ressente quelque chose », explique Barbara.

Trouver sa place

Troisfoistrois, c’est trois filles et le même nombre de gars qui voyagent à travers des tableaux aux thématiques diverses, comme la maison, le travail, le bar, etc. Et, raconte Aube, « la pièce se déroule dans un univers de théâtre photographique ».

Capturés dans leur routine, les personnages font face à des confrontations quotidiennes et à des conventions sociales dans lesquelles ils ont du mal à se situer. À travers des situations banales plongées dans un univers poétique, on explore leur rapport à l’espoir, à la solitude, à la poursuite de leurs buts.

En ce sens, une question se pose : « comment je trouve l’équilibre entre ce qui est acceptable socialement et ce que je désire? ».

Les étudiantes expliquent que chaque personnage a sa façon de vivre les limites émises par la société, mais que, globalement, « ils ont en quelque sorte tous arrêté d’essayer : l’amour, la job, etc. Ils essaient de cadrer, en vain. C’est du monde qui vont faire leur dernière tentative et qui vont être déçus », raconte la metteuse en scène.

Le théâtre par tableaux

Selon Aube, « quand on va voir ce spectacle-là, il ne faut pas s’attendre à ce que quelqu’un nous raconte une histoire. Bien évidemment, il y a un lien entre les choses et les gens, mais l’important c’est leur monde intérieur, qu’ils extériorisent sur scène. »

Les personnages abordent des sujets ordinaires de la vie courante. « C’est du small talk, mais dans un univers poétique bien loin du quotidien, de la réalité. Les conventions sont en dehors de la vie réelle. L’enjeu n’est pas ce qui est dit, mais l’expérience vécue et transmise par les comédiens à travers la danse », précise Aube.

Le corps sensible

L’idée de « corps sensible » se trouve au cœur même de cette création. Pour la metteuse en scène, ce concept désigne le fait de vivre corporellement une réaction ou une émotion.

Elle explique : « au final, on est tout le temps sensible. Dans la vie, si jamais on nous dit quelque chose qui nous touche ou nous rend émotif, on réagit, mais pas nécessairement physiquement. Nous, on décide de montrer au public ce qui est vécu dans les plus fins détails ». En outre, les réactions isolées des comédiens, illustrés par la danse, montrent que chaque humain est seul et que, peu importe le lien qui unit deux personnes, une distance sera toujours présente entre deux individus.

Malgré les thématiques plutôt sombres abordées dans la pièce, Aube et Barbara insistent sur le fait que la façon de traiter ces sujets reste légère. « L’univers théâtral poétique donne un bel enrobage aux thèmes. Il n’est pas non plus question d’une pièce moralisatrice. Au contraire, on espère qu’elle aura un effet singulier sur chaque spectateur », conclut la metteuse en scène.

La pièce Troisfoistrois sera présentée au Théâtre de poche du 14 au 18 décembre.

 

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