Ukraine: Face à la menace d’invasion russe, l’OTAN s’active

L’incursion militaire russe en Crimée a déclenché la pire crise entre l’Est et l’Ouest depuis la guerre froide. Après la perte de la Crimée, l’Ukraine et l’OTAN craignent à présent une invasion russe du pays. En réaction à l’augmentation de la présence militaire russe à la frontière orientale de l’Ukraine, l’OTAN a donc décidé à son tour de fortifier ses contingents en Europe de l’Est, ce qui inquiète Moscou.

Yascha Wecker

Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait décrit l’annexion de la Crimée par la Russie comme la menace la plus grave pour la sécurité en Europe depuis une génération. Depuis le référendum en mars dernier, la Russie a posé plusieurs actes en vue de renforcer sa présence militaire sur sa frontière avec l’Ukraine, faisant craindre au gouvernement ukrainien un affrontement militaire avec Moscou. Les chefs militaires de l’OTAN estiment que la présence militaire russe sur la frontière est évaluée à 40.000 soldats et pose une menace substantielle à la partie sud et la partie est de l’Ukraine.

L’alliance atlantique a décidé ainsi de renforcer sa présence en Europe de l’Est pour rassurer ses alliés, surtout la Pologne et les pays baltes. L’organisation de défense commune prévoit notamment l’établissement de bases militaires permanentes dans les pays baltes. L’OTAN souhaite également améliorer la disponibilité de sa force de réponse rapide et écourter éventuellement son temps de réaction. Le 1er avril, l’OTAN avait également suspendu sa coopération militaire avec la Russie.

Selon le commandant suprême des forces de l’OTAN en Europe, le général Phillip M. Breedlove, cité par l’agence Reuters, les manœuvres potentielles de la Russie impliquent l’établissement d’un corridor terrestre vers la Crimée et la prise de possession du port d’Odessa sur la mer noire. Il a pourtant exclu une réponse militaire de l’OTAN, étant donné que l’Ukraine n’en fait pas partie.

Toutes les allégations ont été niées par Moscou. Le Kremlin a affirmé qu’aucune invasion de l’Ukraine n’est prévue et que la Russie est en accord avec les traités internationaux qui limitent la présence militaire sur les frontières. La Russie défend son droit de déplacer ses troupes à l’intérieur de son territoire et a affirmé vouloir retirer les contingents après la fin des exercices militaires. Le ministre des Affaires étrangères russe Serguei Lavrov a demandé des explications à l’OTAN pour le renforcement de sa présence dans la région.

Suite au référendum controversé et à l’annexion de la Crimée par la Russie, les États-Unis et l’Europe avaient imposé des sanctions contre des personnalités russes. Toute invasion ultérieure du pays aurait comme conséquence un renforcement important de ces sanctions.

Les événements en Ukraine ont également amené l’OTAN à repenser sa disponibilité et son positionnement en Europe. L’organisation souhaite d’ailleurs revoir son financement, qui a souffert depuis la crise financière et a amené beaucoup de pays à limiter leur contribution à la défense commune à 2% de leur PIB.

 

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