138 millions de personnes aux urnes

José Serra possède une expérience politique approfondie: en 2002 il s’est présenté contre Lula, il a été ministre de l’énergie sous Cardoso, maire de Sao Paulo en 2004, puis gouverneur de la province de Sao Paulo en 2006. Profitant de sa popularité, et sous les pressions de son entourage politique, il a démissionné de son poste de gouverneur en avril dernier, afin de se présenter à la course à la présidence. Pourra-t-il freiner l’avance de Dilma Rousseff et conserver cette popularité ?

Fortement associée à Lula, Roussef s’est néanmoins fait reprocher de ne pas avoir de discours clair et de véritables politiques de parti. Arrivée en politique en 1991, après des années passées dans la guérilla de résistance, elle est chef de cabinet du président depuis 2005. Pour être élue, et bien qu’elle profite d’une confortable avance sur son adversaire, Rousseff devra démontrer en préparation au deuxième tour, son indépendance et sa capacité à diriger le pays en l’absence de Lula.

Parmi tous les grands enjeux de ce mandat de 4 ans, le plus important est avant tout celui de succéder à Luiz Inacio Lula da Silva. Président élu depuis 2003 puis réélu en 2007, il a fortement contribué à faire de ce pays une superpuissance émergente malgré la crise financière internationale. Le futur leader devra aussi faire face à la hausse des inégalités sociales ainsi qu’aux écarts économiques grandissants au sein de la population. Superpuissance veut aussi dire représentation légitime dans les organismes supra-nationaux : le Brésil occupe, pour la période 2010-2011, un siège non permanent au conseil de sécurité des Nations Unies, fait parti du G20 et est aussi un état émergent du BRIC (pays émergents appelés à jouer un rôle de premier plan sur l’économie mondiale).

Peu importe qui remportera la victoire le 31 octobre, le nouveau président dirigera un état fort de ses 198 millions d’habitants, de loin le plus puissant et le plus influant d’Amérique du Sud. Calmer les tensions avec les États-Unis? Maintenir le soutient au Vénézuélien Hugo Chavez et les relations avec l’Iran? Établir la Mercosur (zone de libre-échange sud-américaine pouvant faire contrepoids avec l’ALENA) comme réponse à l’économie mondiale? Son rôle sera primordial dans de nombreux dossiers; il continuera de faire sa place dans le jeu politique et économique mondial.

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