À la rencontre des immigrants africains

Le livre Québec Africaine, qui présente une série de 53 portraits d’immigrants africains, a été lancé le 22 février. Les textes ont tous été rédigés par des étudiants de premier cycle en communication publique dans le cadre d’un cours de la professeure Florence Piron à l’automne 2016.

L’aventure a commencé il y a quelques sessions de cela, avec un cours centré sur le thème du vivre-ensemble, que Mme Piron a exploré avec ses étudiants. Ce travail a sensibilisé encore davantage cette militante anti-racisme elle-même immigrante française. Cela l’a d’ailleurs poussée à lancer un premier projet sur les réfugiés au moment de la crise des migrants l’an dernier. « Ils ont fait des entrevues et des portraits. Ça s’est très bien passé et c’était vraiment intéressant », raconte l’enseignante.

Cette première réussite, qui se concrétisera également en livre prochainement, l’a encouragée à réitérer l’expérience cet automne. « Je me suis dit que j’allais faire le même projet que j’avais sur les réfugiés, mais avec les immigrants africains et en faire un livre et donc j’ai lancé mes étudiants et ils ont adoré leur expérience », explique-t-elle. Pour l’enseignante, il apparaît clair que ses élèves ont été touchés alors que plusieurs ont mentionné que cela les avait fait grandir et aidé à effacer leurs préjugés.

Le projet a aussi beaucoup apporté aux immigrants rencontrés, selon elle. « D’avoir pu témoigner comme ça dans un livre, c’était vraiment un beau cadeau qu’on leur faisait de leur donner cette possibilité d’exister comme immigrant, d’avoir la parole dans l’espace public de Québec. »

Les Québécois, un peuple accueillant

Selon l’enseignante, ce qui revient dans tous les portraits, c’est que les Québécois sont très accueillants, bien que presque toutes les personnes interrogées ont vécu au moins une expérience de racisme. Elles ont aussi noté les difficultés à devenir amis avec des Québecois et la notion d’individualisme et de chacun pour soi qui domine. Toutefois, certains points communs sont apparus, comme l’importance de la famille.

« Par contre, la chose la plus triste qu’ils ont dite, et ça c’est revenu dans beaucoup de portraits, c’est que leurs diplômes ne sont pas reconnus. Toute leur expérience, leur savoir, leur diplôme d’avant leur arrivée au Québec, même si c’est en Europe, n’est pas reconnue quand ils arrivent. Donc c’est comme s’ils devaient repartir à zéro », mentionne Mme Piron.

Un livre en libre accès

Québec Africaine est proposé à la fois en version papier et numérique avec libre-accès afin de permettre à une plus grande audience de profiter des portraits, incluant des personnes vivant à l’étranger. « Par exemple, ça peut être utile aux gens en Afrique qui se demandent s’ils veulent immigrer ou non au Québec. Eux, en lisant ces portraits, ça va leur donner une idée de ce que c’est, de ce que ça coûte et de ce que ça implique de faire ce grand changement de vie », estime Mme Piron.

Elle souhaiterait également que des copies papier soient disponibles dans les salles d’attente d’organismes en contact avec les immigrants et que des Québécois ayant des préjugés le lisent pour mieux comprendre cette réalité. « C’est un outil de lutte contre l’ignorance, que tout le monde accuse d’être à l’origine du racisme au Québec », affirme la professeure.

Le début d’une longue série

L’enseignante, qui a décidé de refaire l’expérience dans tous ses cours, projette maintenant d’en faire une série, Québec ville ouverte. Son objectif est de « prouver au monde que les gens de Québec ne sont pas racistes et fermés comme certains veulent le faire croire, qu’ils sont au contraire très accueillants ». Pour réaliser ce changement de mentalité, elle estime qu’on doit entendre ces mots de la bouche des immigrants.

Québec Africaine est donc le tout premier tome de cette série qui explorera tour à tour différentes régions du monde. Le prochain, Québec ville refuge, sera lancé au cours des prochains mois alors que ses étudiants actuels s’apprêtent à réaliser les entrevues pour le troisième tome, Québec arabe.

Une fois qu’elle aura exploré toutes les communautés immigrantes de Québec, l’enseignante souhaite réaliser un livre sur les enfants d’immigrants nés au Québec, une autre sur la communauté autochtone de Québec et aussi rencontrer d’autres minorités, comme les personnes vivant avec un handicap, le tout dans le but de montrer que Québec est une ville ouverte.

Ce projet est réalisé avec l’appui du programme Accès Savoir de l’université, qu’elle a elle-même créé. Il vise à mettre en contact des organismes à but non lucratif de la région de Québec avec des enseignants et leurs étudiants pour faire des projets communs. « C’est vraiment l’idée que, dans un cours, au lieu de faire apprendre par cœur et de passer des examens, on fait des projets. Donc pédagogie active, pédagogie par projets. Et, avec Accès Savoir, on fait des projets au service du bien commun », conclut l’enseignante.

Pour en connaître davantage ou pour commander une copie du recueil, rendez-vous sur le site Web suivant. (Cliquez ici!)

Consulter le magazine