Du Canada à la Chine : Rencontre avec un passionné

Un barbare en Chine nouvelle, voilà le titre du tout premier livre d’Alexandre Trudeau qui documente ses séjours dans ce pays. Si l’homme de 43 ans est souvent référé comme étant le frère de Justin Trudeau, ou le fils de Pierre Elliott, il est en fait, et surtout, un voyageur passionné, un documentariste et le père de trois enfants. Impact Campus l’a rencontré.

Quelle est votre vision du voyage?

Je crois à la surprise. Un vrai voyage, c’est un voyage qui prend des dérives, qui est inespéré. On se retrouve dans des endroits dont on ne s’attendait pas.

J’ai fait des voyages officiels dans ma jeunesse. Mais, très jeunes, notre père nous disait : « ne pensez pas que c’est le vrai voyage ». Il nous racontait les histoires de ses voyages sac-à-dos.

À 16 ans, j’ai commencé à faire des voyages d’auto-stop. Pour moi, il n’y a pas de plus vrai voyage que ça. Quêter son transport et se retrouver dans l’intimité des étrangers sans arrêt.

En quoi c’est important pour vous de transmettre votre passion à vos enfants?

Avant même que je me comprenne, le voyage faisait partie de ma vie. C’est de–même pour mes enfants aussi. Je les fais voyager. C’est même plus important pour moi de les faire voyager que de voyager moi-même.

Les plus vieux sont déjà venus en Chine. Ils m’ont accompagné quand ils étaient bébés. Et on va y retourner. Je pense que les parents devraient propager leur savoir et leur sagesse à leurs enfants.

Pourquoi la Chine? Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce pays?

La Chine est une grande puissance aujourd’hui. C’est un pays qui est constant depuis des millénaires. On n’a pas de parallèle dans le monde occidental. Ce genre de continuité nous échappe. En Chine, il y a des idées qui datent du 6e siècle av. J-C. Il y a une richesse historique qui est fascinante.

C’est simple. Je veux expliquer la Chine. Elle est très présente dans nos vies, mais sans qu’on puisse comprendre comment elle fonctionne, qui sont les Chinois, comment ils vivent, comment ils pensent. C’est ça que je voulais faire : offrir un voyage en Chine pour parvenir à l’expliquer.

Qu’est-ce qui explique le choix du titre Barbare en Chine nouvelle?

J’ai des amis qui sont en Chine depuis 10 ans. Pourtant, c’est moi qui a écrit le livre et pas eux. Il y a une espèce d’injustice de la littérature. C’est pour ça que je me traite de barbare. Je suis avant tout un voyageur plutôt qu’un expert. Je ne parle pas la langue chinoise. Mais, je pense que, comme voyageur professionnel, j’ai le tour d’accéder vite à des mystères complexes.

Avez-vous constaté une évolution depuis vos premiers passages en Chine?

Je parle de Chine nouvelle parce qu’elle est en métamorphose. Pour la première fois, les gens grandissent sans les immenses pressions démographiques économiques d’antan, ce qui leur donne plus de liberté qu’autrefois. C’est un pays qui se découvre.

Les jeunes Chinois, ça c’est surprenant, sont heureux. Nous on se dit qu’ils habitent un pays autocratique, un peu ferme. Comment ils font pour être satisfaits? Mais eux se basent sur ce qu’ont vécu leurs parents, qui étaient bien plus durs et pas confortables. Les gens mourraient de faim, il y a 50 ans.

Maintenant, les gens commencent à avoir la liberté de se définir eux-mêmes, de choisir où vivre, quoi faire, qui marier, comment s’habiller, à quoi croire. C’est pour ça qu’on parle d’une génération en plein épanouissement.

Quelle est votre prochaine destination?

Destination de travail, c’est de plus en plus au Canada. De retour à des sujets amérindiens. Le grand nord canadien, je pense que ça va être ma prochaine destination pour le travail.

Est-ce que les fonctions de votre frère changent quelque chose dans vos relations avec lui?

Mon frère et moi, on rit de voir comment nos vies sont différentes. On est des frères, on rigole ensemble, mais c’est vrai que nos vies ont pris de très différentes directions.

À ce stade-ci, je fais mes choix comme je l’ai toujours fait. Pour moi, ça ne change pas grand-chose. Peut-être que ça change la perspective que les gens ont de moi. Mais je suis habitué.

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