Écosse : À la prochaine fois !

Les Écossais ont finalement dit Non à l’indépendance. Rappelant bien évidemment les référendums québécois, la défaite de la semaine dernière est toutefois considérée par plusieurs dans le camp du Non comme une simple étape en vue de l’indépendance.

« Je suis très optimiste à propos du futur», explique Lucas McGregor-Paas, étudiant écossais et militant du parti nationaliste. « Il y a tout de même 1,6 millions de personnes qui ont voté Oui. Lorsqu’on considère que moins de 2 millions de personnes votent généralement aux élections générales, nous avons la preuve que nous avons mobilisé une immense quantité de personnes qui est généralement silencieuse ».

Èvelyne Brie, étudiante à la maîtrise en science politique à l’Université Laval, a également ressenti une vague d’optimisme submerger les rangs du Oui malgré la défaite. Mme Brie était présente au référendum dans le cadre de son projet de maîtrise. Elle s’intéresse à l’impact potentiel du précédent québécois sur le cadre référendaire écossais.

Le jour après le vote, en discutant avec des gens à l’extérieur d’Édimbourg, elle avait le sentiment que les partisans du Oui se consolaient en se disant qu’ils auraient sûrement la chance de se prononcer sur le sujet dans les prochaines années.

La loi sur la clarté référendaire, par exemple a été, selon elle, très étudiée par le camp du Non et le gouvernement britannique. Elle constate également que l’exemple québécois a beaucoup plus intéressé le camp du Non que le camp du Oui.

Une soirée mémorable

Les soirées référendaires représentent évidemment des moments forts, tant pour Lucas que pour Èvelyne qui a pu profiter de ses recherches pour vivre ce moment historique directement dans la rue.

L’ambiance dans les rues de la capitale écossaise était électrique dans les jours précédant le scrutin: « Il y avait des affiches partout et le ratio d’affiches pour le Oui par rapport au Non était incroyable. En se fiant seulement à ce qui se passait dans la rue, le Oui aurait gagné à 95 % », se souvient-elle. « Une personne sur trois avait un signe du Oui. Partout où l’on posait le regard, il y avait un badge, un macaron ou une affiche du Oui ».

Les gens étant toutefois sortis de chez eux pour voter Non, l’ambiance était moins à la fête lorsque les résultats ont commencé à sortir.

Lucas, par exemple, se trouvait au bureau du Oui à Édimbourg et dès l’annonce des premiers résultats, l’issue du scrutin était évidente. « C’était dur au début, mais tout le monde s’est ressaisi et l’ambiance était assez détendue », explique-t-il.

Loin d’être découragé, le jeune homme met l’accent sur le caractère positif du mouvement indépendantiste: « Je suis évidemment désappointé du résultat, j’ai mis tellement d’effort dans ça, mais en même temps nous sommes très excités par rapport au futur et au mouvement que nous avons créé », constate-t-il.

Bien qu’une part de lui savait que le résultat n’allait probablement pas être en sa faveur, il se forçait à être optimiste. Il savait également que le résultat allait être serré ce qui l’a incité à continuer à se mobiliser. « Le sentiment en Écosse dans les dernières semaines est que nous avons commencé un mouvement, décrit-t-il. Ça se sentait dans l’air! »

Un peuple uni

Bien que de nombreux Écossais craignaient que le référendum sépare irrémédiablement leur société en deux entités distinctes, le résultat semble plutôt avoir été tout le contraire.

Èvelyne Brie remarque ainsi que l’annonce du résultat n’avait rien à voir avec l’ambiance. « Ce qui était vraiment frappant c’est qu’il n’y avait presque plus personne qui portait son macaron du Oui le lendemain, comme si tout d’un coup tout le monde redevenait écossais. Ce n’était plus le Oui contre le Non. Tout le monde est Écossais et on accepte les résultats», explique-t-elle.

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