Il y a presque deux ans, le 25 janvier 2011, l’Égypte se soulevait contre la dictature d’Hosni Moubarak. La dernière année montre que la transition n’est pas encore achevée.

Égypte: l’année en revue

Il y a presque deux ans, le 25 janvier 2011, l’Égypte se soulevait contre la dictature d’Hosni Moubarak. La dernière année montre que la transition n’est pas encore achevée.

Le premier président démocratiquement élu de l’histoire égyptienne, Mohammed Morsi, a gouverné de manière ambigüe depuis son élection. Le 12 août 2012, il a signé un décret annulant l’autorité du Conseil suprême des Forces armées et forcé plusieurs généraux à prendre leur retraite, ce qui avait pour but de diminuer l’emprise de l’armée sur la politique du pays. Cependant, dans le même décret, Morsi s’est octroyé le droit de légiférer en l’absence d’un parlement élu et d’intervenir dans le processus d’écriture de la constitution.

 En novembre, il allait répéter le coup. Mohammed Morsi signa le 22 novembre un décret qui immunisait ses décisions de toute poursuite judiciaire et faisait de même pour le processus d’écriture de la constitution. La réaction populaire fut rapide et virulente. L’opposition lui accola le surnom de «nouveau Pharaon». Des manifestations parfois violentes éclatèrent dans le pays. Le 9 décembre, Morsi céda à la pression populaire et annula la portion du décret qui l’exemptait de tout contrôle judiciaire. Il refusa par contre de reporter le référendum sur la nouvelle constitution.

 Vu que la constitution égyptienne datait d’avant la révolution, il était en effet nécessaire d’en écrire une nouvelle qui reflète le nouvel état des choses. L’écriture de la constitution s’est faite tout au long de l’année. Derrière les portes closes, le processus d’écriture a été marqué par des négociations serrées entre différentes organisations au sein de l’État qui cherchaient à protéger leur autorité face aux autres. Les voix autres qu’islamistes ont eu un rôle négligeable dans le processus: en novembre, 12 députés «libéraux» et chrétiens ont menacé de démissionner face à la fermeture des députés islamistes des Frères musulmans et du parti salafiste Al-Nour. Comme résultat de la polarisation et de la controverse, la constitution a finalement été adoptée le 26 décembre avec 64% des voix, mais une participation du tiers seulement des électeurs. La légitimité du nouvel ordre n’est pas encore chose acquise.

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