Élections municipales en France : la droite en tête

Alors que le Québec est en pleine campagne électorale, les Français étaient appelés aux urnes dimanche dernier pour le premier tour des élections municipales. Un scrutin marqué par une abstention record, une percée sans précédent du Front national (FN) et un désaveu de la gauche au pouvoir.

Margaud Castadère-Ayçoberry

@MargaudCastAyco

La droite arrive en tête du premier tour des élections municipales françaises, dimanche 23 mars. Selon une estimation BVA, l’Union pour un Mouvement Populaire – l’ancien parti de Nicolas Sarkozy – et ses alliés centristes totalisent 48% des suffrages, contre 43% pour la gauche et 7% pour le FN, parti d’extrême droite de Marine Le Pen. Ces résultats confirment le désaveu de la gauche, qui subit de plein fouet un exécutif au plus bas dans les sondages.

Un taux d’abstention historique

L’abstention a atteint un taux record pour des élections municipales : 38,5% selon une estimation Ipsos-Steria pour Le Monde, France Télévisions et Radio France. Un chiffre supérieur de quatre points à 2008, qui aboutit au taux de participation le plus faible à un premier tour d’élections municipales depuis 40 ans.
Une telle poussée de l’abstention montre le rejet et la désapprobation par les Français des politiques du gouvernement en place, M. Hollande et son premier ministre Jean-Marc Ayrault n’étant crédités que de 20 à 25% de confiance dans les sondages d’opinion.

Des résultats sans précédent pour le FN

Cette abstention record a pu profiter aux listes du Front national et du Rassemblement Bleu Marine (RBM) qui réalisent une percée historique. Le parti d’extrême droite sera présent dans 229 triangulaires au second tour. Un record.
Dans le fief de Marine Le Pen, à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, le secrétaire général du parti Steve Briois a été élu au premier tour, en remportant 50,26% des voix. Le FN est aussi arrivé en tête dans plusieurs grandes villes, comme Perpignan, Béziers ou Avignon.

Le FN a donc réussi son pari. En 2008, l’extrême droite n’avait gagné aucune mairie. Pour le second tour, beaucoup de triangulaires entre gauche, droite et FN sont attendus. Cette percée historique du FN s’explique par un vote contestataire à l’égard du gouvernement, mais aussi par la participation exceptionnelle des électeurs là où l’extrême droite a fait de bons résultats.

Au soir du premier tour, Marine Le Pen s’est félicitée d’un « cru exceptionnel pour le FN » et d’une « fin de la bipolarisation politique ».

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a quant à lui appelé « l’ensemble des forces démocratiques » à faire barrage au FN au second tour, qui aura lieu dimanche prochain. Mais le président de l’UMP Jean-François Copé a affirmé qu’il n’appellerait pas « à voter pour le PS » au deuxième tour en cas de triangulaire. Il a aussi déclaré qu’il n’y aurait pas d’alliance entre son parti et celui de Marine Le Pen.

Net recul du PS

Le Parti socialiste (PS) n’a pas réussi à limiter la casse. Ses candidats ont pâti de l’impopularité grandissante de François Hollande, président le moins populaire de la cinquième République.

Comme redoutée par beaucoup de socialistes, l’abstention record de ce premier tour a fortement désavantagé le PS. Résultat : le parti de la majorité enregistre plusieurs échecs dans des villes clés.

À Marseille par exemple, le candidat PS Patrick Mennucci n’arrive qu’en troisième position derrière le maire sortant UMP Jean-Claude Gaudin et le candidat FN Stéphane Ravier.

À Lille, l’ancienne première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry va devoir elle aussi affronter une triangulaire UMP-FN-PS.

Un bon espoir subsiste néanmoins pour Paris, qui pourrait être conservée par le PS. Même si la candidate de la droite et du centre Nathalie Kosciousko-Morizet est en tête sur les estimations globales, avec 34,80% des voix, cette avance ne la place pas pour autant en pôle position pour le second tour. La gauche, portée par la socialiste Anne Hidalgo, est en tête dans le 12e et le 14e arrondissement, déterminants pour l’issue du scrutin.

Le deuxième tour des municipales aura lieu dimanche 30 mars.

 

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