Les troubles se poursuivent en République démocratique du Congo ( RDC ), alors que le groupe rebelle M23 a pris le contrôle de Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu, au nord-est du pays.

La communauté internationale inquiète de la situation en RDC

Les troubles se poursuivent en République démocratique du Congo ( RDC ), alors que le groupe rebelle M23 a pris le contrôle de Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu, au nord-est du pays. Meurtres, viols, enrôlement d’enfants soldats et exactions continuent d’affecter cette région riche en ressources minières.

Boris Proulx

La communauté internationale semble se préoccuper des incidences de ce conflit qui prend des proportions inégalées. Samedi, au sommet de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs ( CIRGL ), les chefs d’État de cette région africaine ont donné 48 heures au M23 pour quitter Goma et renoncer à leurs ambitions territoriales en RDC. En contrepartie, ils ont sommé le gouvernement congolais, dirigé par le controversé président Joseph Kabila, « d’écouter, d’évaluer et d’apporter une réponse aux doléances légitimes du M23 ».

Le M23 est un groupe militaire rebelle qui s’oppose au gouvernement de la République démocratique du Congo ( RDC ), pays récemment hôte du XIVe sommet de la francophonie. Le nom M23 provient de « mouvement du 23 mars », en référence au traité de paix du 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et une milice armée rebelle nommée Congrès national pour la défense du peuple ( CNDP ). Aussitôt dissous, le CNDP a vu ses membres renier l’entente et former un nouveau groupe rebelle, le M23. Le groupe serait maintenant dirigé par le général mutin Bosco Ntaganda surnommé « Terminator », recherché depuis des années par la Cour pénale internationale ( CPI ) pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Le Nord-Kivu connaît depuis bientôt deux décennies d’importantes tensions ethniques. En effet, le génocide du Rwanda ( 1994 ) a provoqué la fuite de plus d’un million de Hutus rwandais qui se sont réfugiés dans ce secteur déjà fragile. Bien que ce conflit revêt cette dimension éminemment ethnique – le M23 prétend se dédier « à la protection de la population d’origine Tutsi » – l’enjeu du contrôle des ressources naturelles est central dans cette région minière riche en cassitérite ( source d’étain ). Notons que le Nord-Kivu est éloigné géographiquement du reste de la République démocratique du Congo, immense pays dont les frontières ont été dessinées par les colonisateurs belges, qui lui ont alors donné le nom Zaïre.

L’issue du conflit, qui a fait à ce jour de nombreuses victimes civiles, pourrait avoir des conséquences internationales. Un rapport de l’ONU datant de juin dernier a révélé des liens existant entre le M23 et le régime du président Kagame au Rwanda. Toujours selon l’ONU, le groupe rebelle a recours à l’enrôlement forcé d’enfants soldats en plus de commettre de nombreux crimes de guerre tels que l’exécution de prisonniers de guerre. Les réfugiés abondent dans les camps de fortune isolés, dont l’ONU a pour la plupart perdu accès. De passage à Goma, des journalistes de l’AFP ont pu observer vendredi de nombreux cadavres de civils près des routes, ce qui fait craindre une catastrophe humanitaire à grande échelle à la veille de la saison des pluies.

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