La paix par la médiation

Le comité Amnistie internationale de l’Université Laval a convié la communauté universitaire, le 15 février dernier, à une conférence sur les méthodes de médiation en République démocratique du Congo (RDC). Son but : libérer la parole et briser le silence de cette terrible situation qui perdure encore dans ce pays oublié de tous.

Cette conférence fait suite à Enfants, pas soldats, un vibrant témoignage livré la session dernière par un ancien enfant soldat en République démocratique du Congo, Junior Nzita Nsuami.

Pour ce faire, l’experte en gestion des conflits à la coordination nationale de stabilisation et reconstruction en RDC, Pétronille Vaweka Rutaya, était accompagnée du blogueur, auteur et initiateur du mouvement Paix au Congo, Gaston Mumbere. Tous deux ont fait état de la situation actuelle afin de mieux aborder les méthodes efficaces de médiation, qui viennent combler le vide laissé par l’inefficace diplomatie traditionnelle.

Mais pourquoi venir parler d’une telle situation à des étudiants qui se situent à des milliers de kilomètres du pays concerné? M. Mumbere considère que le Canada a un rôle à jouer dans cette situation, particulièrement en ce qui a trait à l’exploitation des minerais qui se trouvent sur le territoire congolais. Selon lui, le Canada et ses multinationales ont un rôle plutôt négatif. Ceux-ci videraient sans scrupule les minerais qui sont censés faire la richesse de la RDC.

Briser le silence

Cependant, pour Gaston Mumbere, il s’agit surtout et avant tout de libérer la parole, car « ces espaces sont aujourd’hui très rares, surtout pour les pays comme la République Démocratique du Congo ».

Celui-ci va plus loin en accusant même la communauté internationale de favoriser ce silence. Car, comme il le mentionne, « le silence est une arme qui se vend très bien au niveau national et international », qui permet aux acteurs concernés (gouvernements, multinationales, commanditaires, sous-traitant, milices armées, etc.) de continuer leurs ravages, dans l’unique but de favoriser le pillage des ressources congolaises au profit d’une minorité.

Vingt-et-un ans plus tard et des morts qui se comptent par millions, la situation en République Démocratique du Congo est loin d’être réglée et la guerre semble interminable, selon les deux intervenants. Voilà pourquoi il leur apparaît nécessaire de créer de nouveaux mécanismes de médiation pour briser ce cercle vicieux.

Imposer le respect

Pétronille Vaweka Rutaya, qui a été médiatrice en RDC de 2003 à 2008, est bien aux faits de la situation. Cette dernière a œuvré à faire cesser les violences de façon pacifique et durable, en favorisant le discours et les échanges entre les différents acteurs en conflit. Son principal mandat : libérer les populations, qui sont les premières victimes.

Ce qui a aidé Mme Rutaya, c’est que « ceux qui commandent à distance et ceux qui sont sur le terrain n’ont pas la même vision des choses ». Ce sont souvent ces décisions prisent hors contexte par des dirigeants loin du terrain qui viennent faire dégénérer la situation déjà complexe.

Elle ne comprend toujours pas aujourd’hui pourquoi ces milices, reconnues pour leur violence à l’égard des femmes, l’ont écouté lorsque venait le temps de négocier. Cependant, celle-ci mentionne que « lorsque vous avez une réelle sincérité, vous pouvez réellement changer les choses ».

Elle poursuit en disant que faire le premier pas dans une optique de paix durable est, d’abord et avant tout, un signe de courage qui amènera éventuellement le respect de la part des acteurs en place, à condition de toujours respecter sa parole, chose à laquelle elle n’a jamais manqué. Pour elle, c’est cette « force qui pousse à l’effort » et qui permet d’avancer dans des contextes qui peuvent sembler de prime à bord perdus d’avance.

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