Le mouvement Occupy Everywhere grossit un peu plus chaque jour. Les toiles des tentes se dressent quotidiennement dans de nouvelles villes.

Le système va changer, parole d'indignés.

Alex, étudiant en informatique à l'université de Strayer à Washington, souhaite « que les soit-disants créateurs d'emploi donnent réellement du travail aux gens »
 

« Qui pourrait dire Non? ». Irina, femme élégante de 65 ans qui a travaillé dans la mode et est écrivaine à ses heures perdues, éclate de rire. Une voix sur la place Zuccotti à New York, qui sonne bon la joie, l'espérance d'un monde nouveau. C'est vrai qu'elle n'a pas tort, Irina : face à la concentration des richesses entre les mains d'une minorité de milliardaires,  comment ne pas ressentir un sentiment d'injustice?

 

Un soulèvement mondial

Ce constat fait, on comprend pourquoi Romain, un indigné de Montréal et étudiant en école d'ingénieur, affirme : « On n’a pas vraiment d'alternative. C'est soit une prise conscience mondiale de la merde dans laquelle on est actuellement, soit on risque de faire face à une “troisième guerre mondiale” avec un soulèvement massif des peuples à travers le monde ».
Les occupants de Montréal ne sont pas pour autant des esprits belliqueux; au contraire, la règle numéro 1 sur la place Victoria est la non-violence. Le modèle de cette résistance pacifique? Le Mahatma Gandhi. Malgré tout, Romain souligne : « À force de ne pas se faire entendre, ça passera peut-être par de la violence. En espérant que la prise de conscience se fera avant, mais on ne peut pas en être sûr ».

Une société plus juste

Quand on est les « 99 % », il n'est pas facile d'harmoniser ses exigences. Pourtant quand on les écoute bien, les indignés des différentes villes ont à peu près les mêmes demandes : une société plus juste, débarrassée des banques spéculatrices et qui mettrait l'Humain au centre du système.

Lorsque l'on rencontre Éric, le « bibliothécaire » d'Occupy DC à Washington, on sent bien que la vie n'a pas dû être facile pour lui. Malgré les rides profondes qui traversent son visage, il a toujours le sourire aux lèvres. Pas de revendications grandiloquentes chez lui, tout comme chez tous les occupants : « Je ne veux pas vraiment d'un État-Providence, mais je ne souhaite pas non plus que 1 % des individus concentrent 40% des richesses. Ça n'a aucun sens. Je désire seulement des horaires de travail et un salaire décent », affirme-t-il.

Campements d'Occupy Wall Street, place Zuccotti, à New York (photo de gauche) et d'Occupy DC, au parc McPherson, à Washington (photo de droite). Dans ces petites villes dans la ville, on trouve une cuisine, une bibliothèque, une tente santé, un coin des orateurs et un kiosque d'information. De nombreux points de récolte de fonds, de vêtements et de nourriture sont aussi présents

Non aux banques spéculatrices

Les banques cristallisent aussi autour d'elles de nombreuses critiques. Selon Bruno, étudiant montréalais, il faut arrêter de créer des banques « too big to fail, car on est alors obligé de les dédommager. Elles n'ont de respect pour personne. Il faut les responsabiliser, faire une coupe d'audit pour savoir ce qu'elles font de l'argent qu'on leur donne ». De son côté, Reda, étudiant en deuxième année d'Actionnariat à l'UQAM, affirme qu' « une fois qu'on aura chassé la banque, on reprendra tout à zéro, car quand il n'y aura plus la banque, on retrouve la vraie démocratie ».

C'est cela les camps des Occupy. Un bouillonnement d'idées, parfois un peu confus, mais très souvent argumenté. Surtout, leurs revendications font appel aux bons sens de chacun, car franchement, quand on parle de changer le système, « Qui pourrait dire Non? ».

Tout le monde est mis à contribution pour répandre la voix des indignés. Grâce aux dons d'argent, les occupants de Wall Street ont pu créer leurs propres journaux : Occupy et The Occupied Wall Street Journal. Ce dernier est publié en anglais et en espagnol. On peut y lire des articles sur l'importance de l'éducation, des récapitulatifs de la semaine dernière, des études sur l'âge des occupants ou encore les paroles des chansons que l'on peut entendre sur la place Zuccotti.

Chacun y va de son slogan pour marquer les esprits. « On vous met dehors le temps pour vous de nous payer avec intérêts » (à gauche). « Aimez les gens, pas l'argent » (à droite).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Crédit photo : Pierre-Louis Curabet

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