Tenue pour responsable de la propagation de l’épidémie de cholera, qui a causé jusqu’à maintenant près de 1000 décès, la mission onusienne est directem

Élections en république d’Haïti

Les échauffourées entre les casques bleus népalais et la population haïtienne n’empêcheront en rien la tenue des élections législatives du pays le 28 novembre prochain. Selon le responsable de la mission des nations unies (MINUSTAH), cette élection est nécessaire dans ce pays qui a vécu nombre de malheurs tout au long de son histoire. La Commission électorale provisoire (CEP) a donc bien du travail, devant organiser un scrutin alors que le pays ne s’est pas encore relevé des ouragans de l’été dernier ainsi que du tremblement de terre du mois de janvier qui avait créé une crise humanitaire sans précédent. Cette catastrophe avait frappé le cœur politique du pays, Port-au-Prince, alors que l’épicentre ne se situait qu’à 15 kilomètres au sud-ouest de la ville. Des dizaines de milliers de personnes se retrouvent aujourd’hui dans des camps de la MINUSTAH en attendant d’être relocalisées, ce qui favorise d’autant plus cette nouvelle épidémie de choléra. La bactérie restait en effet présente depuis la dernière épidémie du début du 20e siècle, mais le nombre de cas était restreint. Le choléra n’est pas nouveau dans ce pays et les récentes manifestations, qui mettent en lien direct la présence de soldats de l’ONU et l’éclosion de l’épidémie, pourraient être encouragées par les acteurs politiques en cette période électorale. Haïti s’est en effet vu perdre une part de souveraineté économique, politique et décisionnelle à la suite de «l’invasion» du pays par les ONGs internationales.

À la suite des catastrophes naturelles, les infrastructures sont encore à reconstruire mais la CEP se retrouve aussi avec d’importants problèmes de listes d’électeurs: dans la seule région de Port-au-Prince, la mise à jour du mois d’octobre comportait 6,1% de personnes inscrites mais décédées. Ces élections restent essentielles afin de ne pas bloquer le paysage politique. Il est vrai qu’un survol de l’historique de cet état, un des premiers à avoir déclaré son indépendance au 19e siècle, indique une multitude impressionnante de changements politiques: de l’empire à la république, en passant par le royaume, les chefs de l’état se sont succédés à grande vitesse. Les 4,5 millions d’inscrits devront élire le tiers des sénateurs de la chambre haute, 99 députés ainsi qu’un président.

Le successeur de René Préval, élu une première fois en 1996 puis réélu en 2006, sera choisi parmi  19 prétendants. Jude Célestin, candidat de la plateforme présidentielle Inite (Unité) arrive en tête du dernier sondage avec un score de 28,2% des intentions de votes. Il devance de peu Jean Henry Céant (Aimer Haïti) et Mirlande Manigat (Rassemblement national des démocrates progressistes) qui amassent respectivement 26,2% et 15,1% des intentions de votes. Les trois candidats, à l’instar du chanteur Wyclef Jean, représentent un retour des cerveaux à Haïti. Ayant suivi leurs formations à l’extérieur, que ce soit en génie mécanique pour Célestin, en droit pour Céant ou en science politique pour Manigat, ils sont revenus vivre à Haïti à la fin de leurs études.

Ce scrutin, s’il se déroule sans heurts, réaffirmera la volonté du peuple haïtien à prendre lui-même les commandes de son pays. Bien que presque tout soit à refaire sur l’île, il est évident que les mouvements populaires ne restent pas les bras croisés à s’apitoyer sur leur sort. Il reste cependant à souhaiter que les partis politiques puissent éviter les débordements de violence, plutôt que d’encourager les affrontements.
 

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