Logement pleins, berceaux vides

Selon elle, les problèmes de logements auxquels font face les Cubains ainsi que les avancements des droits de la femme sont à l’origine de cette décroissance. Cuba traverse une grave crise du logement depuis quelques années. Il n’est pas rare d’y trouver deux ou trois générations de la même famille qui cohabitent. «La situation est complexe. On voit parfois jusqu’à cinq générations dans la même maison», dénonce Mme Aguevedo. Les logements étant pleins, les familles n’ont tout simplement plus de place pour accueillir de nouveaux membres.

De plus, l’État a de la difficulté à construire des logis supplémentaires en raison du blocus qui pèse sur l’île. L’accès aux matériaux est limité et dispendieux. Comme rien ne peut être acheté aux États-Unis, la Chine devient le fournisseur de rechange. Ce faisant, les coûts de transport sont plus importants, ce qui retarde la construction. Michael Walsh, de l’Association québécoise des amis de Cuba, constate que «le logement s’améliorait, mais avec trois ouragans de file [à l’automne dernier], la priorité va aux sans-abris, ce qui retarde de trois à dix ans la résolution de la crise».

Femmes au travail
Mme Aguevedo constate que la condition féminine a pris du mieux à Cuba, mais que cela s’est aussi traduit par la dénatalité. À titre d’exemple, avant la révolution cubaine de 1959, seulement 12% des femmes avait accès au marché du travail. Aujourd’hui, elles représentent 46% de la masse des travailleurs. Comme les Cubaines travaillent plus, elles ne restent pas à la maison pour s’occuper des enfants. De plus, elles peuvent étudier autant que les Cubains, gratuitement. Elles ont accès aux mêmes genres d’emplois et la loi exige que tous soient payés le même salaire pour un travail, sans discrimination liée au sexe. Dans ce contexte, bon nombre de femmes préfèrent poursuivre leur carrière et remettent donc à plus tard le projet d’avoir des enfants.

Le gouvernement cubain travaille pour renverser la vapeur. Il a mis au point des politiques natalistes depuis les années 1980, début du déclin de naissances. Chaque femme qui accouche a droit à un an de congé de maternité. Durant les six premiers mois, elle reçoit 100 % de son salaire. Les six autres mois, le salaire perçu dépend du conjoint. Comme le salaire des hommes peut être inférieur à celui de leurs compagnes, il arrive que ce soit eux qui restent à la maison pour s’occuper des enfants. Mais cela reste encore assez rare.

La FMC (Federacion de Mujeres Cubanas en espagnol) «est l’organisation nationale qui coiffe les différentes organisations féminines; elle œuvre pour la pleine intégration des femmes dans la vie économique, politique, sociale et culturelle, dans le respect de l’égalité des chances. La FMC collabore étroitement avec des organismes publics tels que les ministères du Travail, de l’Éducation et de la Santé», selon le site Internet des Nations Unies. Elle a entre autres mis sur pied 176 maisons d’aide dans toutes les provinces de l’île, qui réunissent des psychologues, des travailleurs sociaux et des professionnels de la santé. Elle y accueille la population et intervient dans des cas de problèmes familiaux.

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