Vivre la grève des autres

Partir étudier à l’étranger est un défi pour de nombreux étudiants. C’est d’autant plus le cas lorsque notre université d’accueil vit un moment de tensions sociales. C’est le cas des étudiants étrangers de l’Université Laval qui doivent vivre avec les piquetages et les levées de cours actuels.

Elhacen Dia, étudiant mauritanien à la maîtrise en administration, a de la difficulté à s’expliquer les raisons des perturbations qu’ont subit ses cours : « C’est légitime de faire une grève parce que c’est le seul moyen qu’ont les étudiants de faire valoir leurs droits, mais si ça nuit à des gens comme moi, il faudra quand même y penser un petit peu », explique-t-il.

Les frais de scolarité demandés aux étudiants étrangers sont une source particulière d’inquiétude pour eux, en particulier lorsqu’ils entendent le ministre de l’Éducation parler de l’annulation des sessions de certains.

« Je le crains vraiment parce que je suis étudiant international et que j’ai aucune bourse, donc perdre 8 000 $ par session, c’est loin d’être négligeable », déplore-t-il. « Perdre 1 500 $ ou 8 000 $, c’est quand même différent ».

« Je comprends totalement, avec des frais de 10 000 $, je comprends que ça les mette dans des situations compliquées, donc je comprends totalement qu’ils soient contre la grève. C’est normal », rétorque Charlotte Desplat, étudiante française en sociologie.

Bien qu’étudiante étrangère, la jeune femme tient néanmoins à s’impliquer dans le mouvement contre l’austérité : « Je pense que ça touche tout le monde. Ça me touche moins parce que je suis étudiante étrangère. Cependant, je n’ai pas besoin de me sentir concernée pour m’impliquer pour une chose que je trouve bien », explique la jeune femme.

« On a un contexte de crise mondiale, ou à tout le moins en Occident. C’est un petit peu comme si je m’impliquais chez moi aussi », ajoute-t-elle.

Manque d’information ou de motivation

Elhacen Dia déplore également de ne pas avoir été placé au centre des discussions ayant mené à la grève : « Honnêtement, je ne connais pas vraiment la situation », explique le jeune homme. « Je n’avais aucune information et je ne savais même pas quelles étaient les décisions qu’ils ont prises. Je ne sais pas si c’est ma faute, si c’est moi qui devrais aller m’informer ou si c’est eux ».

Une situation à son sens d’autant plus fâcheuse que sa faculté, la FSA, n’est pas très mobilisée : « On n’est pas impliqué », explique-t-il. D’ailleurs, afin d’éviter des perturbations dans son cours hybride regroupant les trois cycles, son cours de la semaine passée s’est donné à distance.

Dia ne savait pas, au moment de son arrivée, que les étudiants québécois avaient la réputation de faire la grève. « Je ne veux pas seulement voir mon problème et oublier ceux des autres », se défend-t-il. « Je comprends qu’ils veulent revendiquer leurs droits, mais je veux seulement qu’ils pensent à notre situation ».

 

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