Jeudi dernier, sur la chaîne française France 2, a eu lieu le premier débat entre les candidats à l'investiture socialiste (et ses alliés). Décryptage.

Yes, they can?

Ça y est la course est belle et bien lancée! Vacances obligent, les Primaires socialistes, ou plutôt d'une partie de la gauche française, ont dû attendre la rentrée pour connaître la joie des confrontations en plateau télévisé. Une première en France, où toutes personnes inscrites sur les listes électorales pourront voter les 9 et 16 octobre prochain moyennant le payement d'un euro symbolique et la signature d' « un engagement de reconnaissante dans les valeurs de la gauche ».

Première constatation : les Français étaient au rendez-vous devant l'émission « Des paroles et des actes » présenté par David Pujadas. Cinq millions de téléspectateurs, 22% de part d'audience alors même que l'émission a durée près de trois heures. Le peuple français aurait-il repris goût à la politique? Si c'était le cas, ce débat les a peut-être fait changer d'avis.

L'expérience des Primaires

La présentation est sobre, lumineuse et les six candidats (Martine Aubry, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Jean-Michel Baylet, Ségolène Royal et François Hollande) sont tous derrière un pupitre, prêts à en découdre. Seul hic, c'est qu'on les sent tendus, certains bégayent et les sourires sont astreignants.

Au début de l'émission chacun à une minute pour expliquer le sens de leur candidature. Chacun joue là son rôle favori. Manuel Valls est l'homme de la « gauche qui dit la vérité », Aubry a sorti la carte de la femme d'expérience et Montebourg celle du candidat de la démondialisation. De son côté, le (seul) non-socialiste, Baylet, a réaffirmé qu'il n'était pas engagé par le projet socialiste pour 2012. La candidat socialiste malheureuse de 2007, Ségolène Royal, a, elle, touché au mélodramatique en commençant sa présentation par un « Vous qui êtes inquiets » dès plus sombres alors qu'Hollande a lui affirmé que « nous [les Français ou lui?, ndlr]sommes dans un moment décisif ».

Ennui est-tu là?

A ces présentations sommaires, on suivit un « Grand Oral » où tous les candidats étaient interrogés par trois journalistes sur des thèmes divers, puis la soirée s'est finie par un débat de plus d'une heure. Au final, rien de bien tranchant, rien de bien nouveau et l'ennui qui guette les téléspectateurs.

Par contre, une chose est sûre, et on l'aura bien compris de la bouche de chacun des six participants : les thèmes importants de cette campagne interne seront l'éducation, la situation de crise (emploi, pouvoir d'achat) et la sécurité. D'autres sujets comme le nucléaire ou encore la légalisation du cannabis sont venus alimenter le débat.

Certes, il y a eu quelques échanges tendus notamment entre les deux favoris d'après les sondages, Martine Aubry et François Hollande, mais il semblerait que les hautes sphères de la politique n'aient toujours pas entendu leurs compatriotes qui veulent quelque chose de neuf. Et pour cela, il faut faire de la politique autrement, à commencer par atténuer une communication politique (calculs de ses faits et gestes, et de ceux des autres) omniprésente sur le plateau de France 2. Il reste encore deux débats à la gauche pour convaincre que l'alternance est la meilleure chose qui puissent arriver à la France.

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