Après 65 ans : chaise berçante et radotage, pas pour moi!

Excellent exemple de vieillesse active, Michel Pigeon, ingénieur de formation et homme politique âgé de 74 ans, raconte ce que représente pour lui d’avoir l’opportunité de poursuivre ses activités en vieillissant, notamment en étant étudiant au doctorat en sociologie à l’Université Laval.

Par Léonie Faucher, rédactrice en chef

L’ouverture, la clé de l’inclusion !

Michel Pigeon a trouvé extraordinaire l’ouverture que ses collègues étudiants ont eue face à lui : « Moi, ce que j’ai trouvé remarquable, c’est que personne n’a fait de différence, personne ne s’est dit : ‘’ oh mon dieu, qu’est-ce qu’il fait là ? ‘’ Je trouve que la société québécoise est très ouverte. Les gens se disent que c’est correct et personne ne m’a dit que j’étais bizarre. Quelqu’un que je connais, Matthias Rioux, a soutenu sa thèse l’an dernier à 84 ans. Les gens disent que tu as le droit de faire ce que tu aimes, c’est pour ça que je dis qu’on est une société ouverte au regard des autres. Je trouve très enrichissant de parler avec les jeunes qui m’entourent. »

« Ma recette, c’est pour moi-même, ce n’est pas un souhait pour tout
le monde ! »

Conscient de l’unicité de sa situation, M. Pigeon explique que tous les septuagénaires ne doivent pas faire un doctorat, car c’est sa recette à lui. Dans son cas, le vieillissement actif se caractérise par le travail : « Pour moi, le travail, c’est intellectuel. J’ai l’impression que si j’arrête de travailler, j’arrête de vivre aussi ! », confie Michel Pigeon.

Pour lui, c’est en travaillant qu’il continue d’être un acteur qui contribue à la société. « C’est un défi, mais aussi un plaisir. En même temps, c’est une contribution sociale de faire de la recherche en environnement. Au doctorat, je peux doser le travail que je fais pour ne pas faire des journées de 15 heures et j’avance à mon rythme sans m’épuiser. »

Après 65 ans, sommes-nous destinés à la chaise berçante ?Michel Pigeon répond :
« D’une part, c’est la crainte que moi j’avais. Au départ, je me suis dit que je ne me bercerai pas sur la galerie en regardant le gazon. Pour moi, c’est le repoussoir de ce que je ne veux pas être. Si je n’ai pas un projet en face de moi, même à 74 ans, je ne me sens pas bien. »

Un peu d’histoire

En 1933, le président Roosevelt lance son New Deal, une politique interventionniste destinée à soutenir les plus pauvres dans le cadre de la Grande Dépression. Dans la politique se retrouve le social security system, d’où est né le principe de retraite. « Après 70 ans, tout le monde avait le droit à quelque chose (monétairement parlant). Cependant, seulement 3% des gens se rendaient à 70 ans à cette époque. Évidemment d’un point de vue financier, ce n’était pas très lourd. Les gens n’avaient pas de longue retraite, car ils mouraient jeunes. Ils étaient fatigués du travail difficile et avaient besoin de repos surtout lorsqu’on travaille de nos bras. », commente Michel Pigeon.

En 2019, la durée de la retraite s’est allongée tout comme l’espérance de vie. Il y a aussi l’aspect sociologique, mentionne l’étudiant : « Maintenant, à 65 ans, on n’est pas vieux, on est plutôt bien, les gens sont bien. Il y en a plein qui sont contents de travailler. C’est immensément social le travail,surtout à cet âge-là. »

« Dans mon éducation des années 50, c’est le concept d’être responsable de soi-même. Je me sens responsable de moi-même, donc je me sens responsable d’être utile à la société. Il y a une question éthique pour moi. La question éthique est vraiment d’être partie prenante de la société, mais on peut le faire de différentes façons. Ça peut être, comme mon frère, de prendre soin de ses petits enfants, ou comme ma sœur, de travailler dans la communauté en faisant la lecture aux non-voyants. »

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