Photo par Daniel Tafjord

COVID-19 : pour ou contre les mesures de gestion de crise, les deux points de vue

Le monde est frappé de plein fouet par la COVID-19. Tous les pays ont le même défi : rayer de la surface de la Terre ce parasite qui a changé leur vie. On pourrait voir derrière ce malheur qui afflige les peuples un but commun. Une raison pour laquelle tous les Terriens se battraient. Cependant, l’inverse se produit. Les populations n’ont jamais été aussi clivées. Pour les mesures sanitaires, contre ces mesures. Voici une rencontre avec une personne qui appuie les mesures sanitaires adoptées au Québec et une qui s’y oppose.

Par Jimmy Lajoie-Boucher, journaliste collaborateur

Je suis contre! Pour la première opinion dans le camp des « contre », Mia, un nom fictif par souci de garder son anonymat, est une farouche opposante à la manière dont le gouvernement gère la crise. Mère de famille, elle reconnait avoir déjà participé au mouvement « La Meute », mais a pris ses distances de l’organisation pour des raisons personnelles. Elle est préposée aux bénéficiaires de profession, en arrêt de travail pour des raisons médicales.

Lorsque la question lui a été posée, la réponse ne s’est pas fait attendre : « Contre! ». Aussi clair et direct. Lorsque le sujet du port du masque obligatoire est mis sur la table, Mia fait connaître sa position sur le sujet : « La principale raison pour laquelle je suis contre le port du masque OBLIGATOIRE, c’est pour protéger nos droits et libertés. Le taux de mortalité ne justifie aucunement ces mesures sanitaires excessives! ». À son avis, les mesures sanitaires adoptées par le gouvernement seraient une « pratique » qui aurait pour objectif de rendre la population plus « docile et obéissante pour la suite des choses ». Comme argument à cette « pratique », le point de vue de notre interlocutrice se résume à des raisons d’hégémonie pour une gouvernance mondiale prévue pour 2030. Les raisons qui poussent Mia vers cette conclusion, n’ont pas été plus approfondies. À préciser que Mia ne s’emballe pas dans une logorrhée, tel qu’une personne ayant des points de vue controversés et marginaux pourrait avoir. Le ton se veut neutre, une conversation des plus cordiales.

Dans le but de permettre à Mia de poursuivre son argumentaire sur les raisons de sa désapprobation des mesures sanitaires, nous la laissons poursuivre sur les points principaux qui mènent à sa position : « Ça ne protège personne contre un virus. Juste le tissage des fibres sur les masques, même très bon, est plusieurs fois trop grand pour empêcher le virus d’y pénétrer. » La préposée au bénéficiaire poursuit : « D’autant plus que sans un bon protocole, la manipulation du masque devient plus dangereuse en société que de ne pas en porter du tout. » « Les poches, les sacoches, le siège du helper, le portefeuille et le coffre à gants, ne sont pas de bons endroits pour y mettre un masque. Et surtout, ne JAMAIS porter un masque deux fois de suite », s’insurge-t-elle. La mère de famille enchaîne ensuite avec une situation qu’elle aurait vécue récemment alors qu’elle effectuait ses activités personnelles « Mon fils de 13 ans a mis un masque une fois pendant une heure en magasinant. Lorsque nous sommes arrivés à la maison, il est tombé et a fait des convulsions ». Troublée par le souvenir de cet incident, elle poursuit en racontant son passage à l’hôpital : « L’équipe médicale nous a expliqué qu’il avait fait un malaise vagal par manque d’oxygène. Jamais il ne remettra ça dans sa face! Alors pourquoi prendre ce risque sachant que le masque ne protège pas contre le virus? ».

Quand le temps est venu d’aborder la gestion de la crise par le gouvernement, à savoir entre autres si elle faisait confiance aux institutions et aux membres du conseil des ministres ou hauts fonctionnaires, sa position ne pouvait pas être plus claire : « Ils peuvent émettre des décrets et changer les lois comme ils veulent en ces temps de mesures spéciales. Je n’ai aucune confiance en un gouvernement qui ne consulte pas la population avant de prendre des décisions. Encore moins quand il est question de réunion formelle, où personne n’écrit l’heure, les minutes et la date de ces réunions. Même dans une rencontre des Alcooliques Anonymes ou une réunion des comités pour les HLM (habitations à loyer modéré), il y a une personne qui se charge d’écrire le temps et ce qu’il s’y dit ». Elle fait ici référence aux réunions de MM Horacio Arruda et François Legault, qui n’avaient aucun verbatim ou enregistrement de ces rencontres. L’opposition ainsi que les différents médias ont alors dénoncé le manque de transparence et de formalité, pour le formuler ainsi, venant de la part du premier ministre ou de l’ensemble du gouvernement. Surtout en rapport avec la gestion de la crise sanitaire à laquelle le Québec et le monde entier, de manière générale, sont confrontés.

Mia tenait aussi à faire part de ses inquiétudes et de son opinion quant à la sécurité publique, qui est chapeautée par la ministre à la sécurité publique et vice première ministre, Madame Geneviève Guilbault. La décision émanant de son ministère, stipulant qu’un policier pouvait faire une demande de télé-mandat pour obtenir la permission d’entrer de force chez un citoyen suspecté d’accueillir plus d’une personne dans sa demeure, a créé un émoi chez plusieurs personnes. C’est d’ailleurs cette décision qui a mené Mia à se questionner, et même à avoir sa propre idée sur le sujet : « À voir aller notre vice première ministre Guilbault dans son power trip, elle est en train de créer un état policier. J’ai l’impression qu’on va bientôt avoir de vrais problèmes! La moitié des gens parlent de guerre civile. Ça va finir en loi martiale, leurs conneries! Et c’est d’ailleurs probablement ce qu’ils souhaitent ».

Pour finir avec notre opposante, elle tenait à souligner l’ouverture des écoles, où les élèves se côtoient tous les jours de la semaine. Elle tient à nous faire connaître son opinion au moment où toute cette « histoire » a commencé. « Au début on a tous eu peur! J’étais la première à dire aux gens de rester chez eux. Mais après un moment, de jours en jours, les points de presse du gouvernement m’ont démontré le degré de soumission du peuple… et ça ne fait que commencer » prévient-elle.

Pour et encore plus!

Madame Mme. Bussières, préfèrant n’être nommée que par son nom de famille, est une retraitée du palais de justice, où elle travaillait comme secrétaire. Elle a 72 ans, vit avec son conjoint et respecte toutes les consignes que le gouvernement donne concernant la pandémie.

Nous abordons le sujet en lui demandant les raisons qui la font se plier à toutes les exigences du gouvernement. « C’est simple, le premier confinement a été très difficile pour nous et on ne veut pas retomber là-dedans! » Aussi simplement.
Cependant, l’étonnement se fait sentir lorsqu’il lui est demandé si elle fait confiance à notre gouvernement sur la gestion de la crise actuelle « Pas vraiment » dit-elle candidement. Vient ensuite bien entendu une élaboration « c’est parce qu’il y a des contradictions. Une journée ils disent une chose, le lendemain une autre chose. On sait ne sait plus sur quel pied danser ». Vient ensuite un doute. Croit-elle que nos autorités compétentes connaissent le virus ou même son origine? « Je ne peux pas l’affirmer à cent pour cent, mais je crois absolument qu’il y a un virus. C’est la provenance que je remets en doute. Est-ce un accident de laboratoire? Est-ce qu’il a été lâché volontairement dans la population? Est-ce qu’il s’agit d’un genre de guerre bactériologique? Ça, je crois qu’on ne le saura jamais. »

Plus ça va, plus elle semble perplexe. Alors pour poursuivre dans un autre registre, et pour éclairer sa position, la composante concernant les mesures sanitaires. Qu’en penset-elle , par exemple, de la décision de fermer certains secteurs de l’économie comme les restaurants, les bars ou autres types de commerce ? Trouve-t-elle justifiées toutes ces méthodes ? qu’en est-il selon Madame Bussières? « Ah non! Je pense que le seul moyen est de tout fermer! Pas jouer comme maintenant, TOUT fermer! » Ah! Voilà LE pour. Il est là. Madame Bussières poursuit « En Chine pour s’en sortir, ils ont tout fermé. Ils ont même soudé des portes de building. Et maintenant, dans une province, il y a une résurgence, et bien ils pensent tout refermer! »

Donc à la lumière de ces arguments, il pourrait être aisé de croire qu’elle encourage le gouvernement dans ses mesures, et même qu’elle l’encouragerait à aller encore plus loin. Est-ce que c’est sur ce point qu’elle y trouve son compte. Encourage-t-elle le gouvernement à cent pour cent dans ses mesures? Madame Bussières semblent ambivalente, elle tergiverse avant de répondre avec fermeté, comme Mia pour le contre, mais avec une teinte d’hésitation comme si elle ne savait dire oui ou non. Et c’est bien le point. Elle n’est plus à ce niveau comme elle le fait bien remarquer : « Je ne suis pas branchée. Je ne peux pas dire que je les encourage ou pas. J’encouragerais le gouvernement s’il fermait au complet l’économie. On trouverait ça dur, mais on se dirait qu’on va s’en sortir », avant de terminer sa réponse avec plus de fougue, sans hésitation et sans tergiverser : « En ce moment, ils font un pas en avant, un pas en arrière! Il faudrait prendre des mesures drastiques! Tout fermer, je le répète, mais pendant un certain temps. Plus court! Mais pas ouvrir un secteur, pas l’autre, un oui, pas lui. Dans l’fond, ils devraient être clairs et cohérents! ». Sur ce dernier point, elle a été sans équivoque. Madame Bussières continue après s’être arrêtée pour réfléchir: « Là personne ne sait à quoi s’en tenir! Et d’ailleurs, c’est ce qui encourage les complotistes, parce que ce n’est pas transparent! Moi je serais claire et drastique! »

Pour rendre sa position plus concise, l’accent est mis sur les mesures concernant le port du masque et les mesures de distanciations. Sur ce point, aucune ambiguïté : « oui j’encourage absolument. » Pour être encore plus concis, l’isolement, où se situe la position de la dame retraitée. Le point semble moins faire l’unanimité dans sa pensée : « c’est comme ridicule là. C’est comme mon fils, je n’aurais pas le droit de le voir, mais mon fils ferait attention, il ne m’exposerait pas. Non, ça ne passe pas! Mais les regroupements de plusieurs personnes, c’est dangereux, les bars c’est dangereux.»

Dans la même ligne d’idées, concernant le pouvoir octroyé aux policiers d’entrer dans les demeures privées avec un télé mandat est mis sur la table : « oui, je suis pour, en cas de rassemblement. Interdire les regroupements peu importe où ils sont. Je suis pour que les policiers entrent dans les maisons, même sans mandat! Mais il faut y voir une nuance! Ce n’est pas la visite d’un couple d’amis qui semble dangereux, mais bien un party.»

Pour finir la position de Madame Bussières, qui est somme toute pour une action voire même une action plus drastique, deux points semble important à clarifier, à savoir si elle suit toutes les mesures? Voici sa réponse pour le premier point :
« Oui, toutes les mesures. Moi je suis dans un building à condos, il y a plein de consignes et je les suis à la lettre. »

Et comme deuxième point, question de faire tressaillir la septuagénaire une dernière fois, les manifestations, qu’en pense-t-elle? « Je suis tellement contre ! Mais c’est l’attitude du gouvernement qui encourage ça! Moi j’ai 72 ans, mon conjoint en a 78 et c’est notre position, c’est ce qu’on pense.». Madame Bussières ajoute pour terminer cette entrevue « Mais il faut miser sur la transparence, à ce moment-là, les gens vont se plier aux consignes. ».

S’il faut retenir quelque chose de l’entrevue avec Madame Bussières, c’est qu’elle est pour les mesures, mais pas de demimesures. Elle souhaiterait que le gouvernement passe à l’action et de façon stricte et directe. Elle se questionne sur les origines de la crise, trouve le gouvernement un peu hésitant, mais elle reconnaît bien l’existence de la pandémie, et approuve que des mesures soient prises pour enrayer la situation.

De manière générale par ailleurs, il est à noter que dans les deux camps, un point commun ressort, si étonnant cela puisse paraître. La transparence du gouvernement. Chacun a ses motifs, mais tous réclament la même chose, plus de transparence! Il est important de souligner qu’à des fins d’espace, l’opinion d’une seule personne par position a été retransmise ici, mais dans tous les cas, et même venant de personne du milieu de la santé qui ne pouvait se prononcer pour ou contre, le point commun reste encore et toujours la transparence de nos dirigeants. Sur ce, à vous de vous faire une tête sur votre position personnelle. Chose certaine, le sujet pourrait et fera sûrement couler encore beaucoup d’encre.

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