Photo par Nicola-Frank Vachon

Critique théâtre – Christine, la reine-garçon : renier pour mieux être

La Bordée peut se targuer de conclure sa saison en beauté : sa dernière production de 2018-2019 se révèle une réussite sur plusieurs plans. Portée par une troupe d’excellents interprètes au jeu intense et maîtrisé, la pièce nous transporte dans une Suède austère du XVIIe siècle qui cherche à se redéfinir.

La reine Christine, reconnue pour son intelligence hors du commun et son refus de se conformer au moule qu’on veut lui imposer, fait venir le philosophe René Descartes afin de mieux comprendre le sentiment déroutant qui l’accable. Comment peut-elle contrôler cet amour incontrôlable qui contrecarre ses plans de grandeur pour son pays ? Elle découvrira qu’au fond, l’amour qui la consume plus que tout est son libre-arbitre. Prête à tout pour demeurer libre, elle envisagera des solutions irrévocables.

Des défis de jeu réussis

Le défi d’incarner un tel personnage a été attribué à l’actrice Marianne Marceau, que l’on a récemment vue dans la pièce de théâtre musical Marco Polo. Encore une fois, l’actrice parvient à prouver son grand talent en rendant humaine et attachante cette femme plus grande que nature au caractère irascible. Autour d’elle gravite une ribambelle de personnages tous incarnés avec aplomb et fougue. On ne peut par ailleurs passer sous silence les magnifiques costumes, particulièrement celui de la truculente mère de Christine. Ils constituent un atout de taille à l’ambiance à dessein sinistre de la mise en scène. Malgré un début de deuxième partie qui manque un peu de tonus, on passe somme toute un fort agréable moment au terme duquel on se sent revigoré et troublé. À voir d’ici le 11 mai prochain.

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