Une incursion dans le froid et le deuil

Lancement de La Mort habite ici, de Laurence Caron-C
À Québec, le 15 novembre 2019

Par Jessica Dufour, journaliste collaboratrice

Note : L’article a été rédigé
selon les normes d’écritures
inclusives, pusique l’auteur.e
du recueil est non-binaire.
Le pronom Iel est utilisé comme
combinaison des pronoms
elle et il, de même que le
déterminant possessif saon qui
combine sa et son.

Le mois de novembre inspire-t-il soudainement les écrivains ? Après la parution de Ta Mort à moi (David Goudreault), Mourir m’arrive (une réédition de Fernand Durepos), voici La Mort habite ici, un premier recueil de Laurence Caron-C.

En tant qu’artiste visuel.le, Laurence Caron-C avoue ne jamais avoir pensé écrire un livre. C’est arrivé un peu par hasard. À l’occasion d’une offre d’emploi, l’auteur.e s’est retrouvé.e séparé.e de saon partenaire (Sébastien Émond, finaliste au prix de la poésie Radio-Canada 2019). Afin de combler la distance et le vide, iels se sont proposé.es d’échanger leurs disciplines. C’est ainsi que Laurence Caron-C s’est mis.e à écrire un poème par jour.

Dans son recueil, où le nord est très présent, iel parle d’une mort multiple, d’un deuil qu’iel s’est trouvé.e à vivre par l’éloignement, la perte de sa grand-mère et les enterrements qui se sont déroulés lors de son séjour. C’est une lecture ressentie qu’iel nous a offerte à la Librairie Saint-Jean-Baptiste à l’occasion du lancement organisé par le collectif Ramen. Un passage particulièrement touchant où il est question de la mort d’une enfant l’a même fait verser une larme.

S’en est suivi le déroulement habituel de la soirée avec les invitées Daphnée Roy et Iris Gauthier. Candidate à la maîtrise en recherche-création de l’Université Laval, Daphnée Roy nous a lu un chapitre de son autofiction en chantier. C’est d’une plume superbement ironique qu’elle nous a relaté un épisode de détresse psychologique s’étant avéré particulièrement pénible devant l’incompréhension de ses parents et l’indifférence du personnel soignant. Iris Gauthier, quant à elle, nous a bien avertis : « ceci n’est pas un récit de voyage ». Il est vrai que les titres de ses poèmes auraient pu porter à confusion, car ils nommaient des lieux. Ce n’est pas pour nous parler d’eux qu’elle prenait le micro, mais bien pour faire état de ses sentiments, de sa vision particulière des choses d’une manière bien touchante.

Ont ensuite défilé au micro ouvert une myriade de poètes et de slammeur.euse.s : Antoine Sirois, Rosa, Emmanuelle Bouchard, Cedric Demers, Alex Noël, Alycia Dufour, Frédéric Berthiaume, Jess, Anaël Turcotte, Sarah-Jane Ouellet, Acide Ludique, Geneviève Dufour, Avril et Lux. Laurence Caron-C est aussi revenu.e
nous faire une lecture.

L’ambiance est restée décontractée, pleine d’humour et inclusive du début à la fin, malgré la profondeur des thèmes abordés. C’est le genre d’événement qui amène la démocratisation de l’art par son accessibilité, par l’esprit de communauté qui y règne. La poésie est un genre littéraire qui demeure incompris du grand public, souvent perçue comme réservée à l’élite, aux amateurs de littérature avec un grand L. Pourtant, l’éclatement des genres, l’absence de règles et l’émergence de nouveaux styles d’écriture la rendent de plus en plus accessible.

La poésie est un monde où règne la liberté et c’est cette idée que veut défendre le collectif Ramen. Il s’est en effet donné pour mission de démystifier et décloisonner la poésie, de la rendre accessible. Pour y arriver, ses membres publient des fanzines et organisent des événements comme celui-ci. En collaboration avec la Librairie Saint-Jean-Baptiste, cette soirée de lecture avec micro ouvert a lieu une fois par mois.

 

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