Le temps autrement

Ça y est, l’année scolaire tire déjà à sa fin. Une fois de plus, une démonstration temporelle qui n’a pas d’égale. Rapide, longue, souffles de sprinteur.euse ou de marathonien.ne, une session universitaire écorche toujours un peu sur son passage. À peine le campus rougit, s’enneige et fond, qu’on reprend le chemin de nos jobs d’été, de nos régions, des festivals et des voyages cette année peut-être. Et à la publication de ce mag-ci, Impact Campus aura terminé sa quatrième année en tant que magazine et sa 35e année d’existence tout court, ce qui, pour un média étudiant, n’est pas rien. Et moi, j’aurai complété ma première année à la rédaction en chef, William comme chef de pupitre aux arts, Sabrina et Frédérik comme journalistes multimédias, Félix en tant que directeur de l’information, Ludovic comme chef de pupitre société et Gabriel au poste de directeur général. Une histoire de premières fois.

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef

La game étudiante
Être un média, un média indépendant-ish du moins, ce n’est pas hyper facile. Le Soleil, par exemple, l’a eu un peu rough dans les dernières années avec la fondation de sa coopérative. L’équipe a dû s’ajuster, passer uniquement au format web la semaine, limiter le contenu gratuit, parce que la publicité ne suffit plus. 

Nous aussi, on est un média indépendant et en plus, on est un média étudiant. Ça, ça veut dire qu’au quotidien, nos seuls revenus proviennent des cotisations étudiantes (merci à elleux d’ailleurs) et des publicitaires. Or, entre vous et moi, même si chaque mois, notre site compte 40 000 clics et que notre magazine est distribué à 2500-3000 exemplaires, les publicités, on doit aller les chercher une à une. 

Le temps, c’est de l’argent
On a aussi un gros roulement de personnel, parce qu’Impact, c’est une école, un tremplin. En trois années à Impact Campus, j’ai vu trois équipes se succéder, trois équipes aux propos différents, à la cohésion différente. Une première équipe dont je ne savais rien, dont j’étais l’un des nouveaux morceaux. Une deuxième équipe anonyme, voilée par une interminable pandémie. Et une troisième équipe presque renouvelée au complet. Une équipe déconfinée, reconfinée, déconfinée encore. Une équipe solidaire, ambitieuse, soucieuse de l’impact des mots et de la violence de l’absence. Une équipe qui a su faire autre chose avec la matière dont elle disposait. 

Sabrina a été d’une poésie-scientifico sensible. Frédérik a pris le temps d’approfondir l’histoire mal racontée des femmes. Ludovic a vulgarisé des choses qui pour moi et plusieurs autres sont des nœuds indénouables. Félix, arrivé au milieu de l’année, a semblé faire partie de l’équipe depuis toujours, faire du journalisme depuis toujours. William a fait rire, a ému, a été une oreille et un œil attentifs. Paula, de son Espagne au bout du monde, a fait des nuits blanches pour terminer de matérialiser nos écrits. Gabriel nous a donné les moyens de faire tout ça. Moi, j’ai fait ce que j’ai pu, ce que j’ai pu pour un média en lequel je crois et que j’aime sincèrement. 

Puis, avec l’aide de collaborateur.rice.s, on a tout fait pour écrire et créer un contenu de qualité, qui allait ailleurs. Parce qu’évidemment, on ne peut pas déployer quelqu’un à toutes les conférences de presse et des fois, le papier doit attendre, parce qu’examen le lendemain. Mais à défaut d’avoir des gros moyens, on a eu du temps, et le temps nous a servi plus souvent qu’autrement. Il nous a permis d’aller plus en profondeur, de nuancer, d’être critiques, et comme un vieil auteur blanc français (Honoré Nespresso Paumé Balzac) le disait, le temps est le seul capital des gens qui n’ont pour fortune que leur intelligence

 

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