L’influence sociale au cinéma

[PALMARÈS] Un film, à sa manière, peut toujours influencer certaines personnes ou certains groupes de gens dans leurs actions, leurs désirs, mais il existe des films où la thématique de l’influence sociale en est une partie prépondérante et intrinsèque. Je vous ai donc concocté une liste de 10 films que cette thématique vous touche de près, ou de loin.

Par Marc-Antoine Auger, journaliste collaborateur

Les drapeaux de papier

Un film que j’ai vu au cinéma cet été et qui raconte l’histoire d’un homme en prison qui, après avoir été libéré, retourne vivre chez sa sœur. Les deux tentent tant bien que mal de cohabiter, ce qui n’est bien sûr pas du tout évident après plusieurs années éloignées l’un de l’autre. Le film est réalisé par Nathan Ambrosioni, un prodige né dans le sud de la France. Il était âgé d’à peine 19 ans lorsqu’il a réalisé ce premier long-métrage.

Good Will Hunting

Un classique du cinéma qui raconte l’histoire de Will Hunting, un adolescent très intelligent qui, malheureusement, se tient avec des gens qui n’encouragent pas du tout son côté intellectuel. Après avoir été arrêté par la police à cause d’une altercation, Will se voit forcé de suivre une thérapie avec un psychologue avec qui il va développer une belle relation. Réalisé par Gus van Sant en 1997, on y voit une solide interprétation de Matt Damon dans le rôle principal et de la part de Robin Williams qui a d’ailleurs remporté l’Oscar du Meilleur acteur de soutien pour ce rôle.

Dogville

Ce film de Lars von Trier, sorti en 2003, raconte l’histoire d’une reprise de justice dans un petit village nommé Dogville, où son arrivée ne fait pas l’unanimité parmi les villageois. Par ailleurs, ce film, grâce à sa mise en scène très particulière, donne au spectateur l’impression d’assister à une pièce de théâtre. Nicole Kidman joue le rôle principal dans ce film qui vaut le détour.

Boyz ’n’ the Hood

Réalisé en 1991 par John Singleton, ce film nous permet de suivre le récit de deux amis noirs dans un quartier éprouvé par les gangs de rues. Tre Styles, interprété par Cuba Gooding Jr., est envoyé par sa mère dans ce quartier où il y vivra avec son père pour qu’elle puisse poursuivre ses études. Son père, extrêmement conscientisé, l’élève du mieux qu’il peut pour le tenir loin des gangs. Un excellent film très réaliste qui nous offre une belle plongée dans ce milieu pas du tout joyeux.

Rosetta

Ce film franco-belge des frères Dardenne, ayant remporté la Palme d’Or à sa sortie en 1999, raconte l’histoire de Rosetta qui vit avec sa mère alcoolique dans une roulotte dépravée d’un quartier mal famé. On suit sa lutte
inexorable pour se trouver un travail, ce qui l’amènerait à quitter ce taudis où elle vit avec sa mère. Un autre excellent film, où l’on reconnait la signature des frères Dardenne, filmé caméra à l’épaule, le jeu des acteurs et actrices est extrêmement convaincant et naturel, ce qui nous donne presque l’impression de visionner un documentaire.

Songs from the Second Floor

Ce film suédois sorti en 2000, réalisé par Roy Andersson, plus comique que les précédents (ça dépend de votre style d’humour), est une allégorie de l’éternel combat intergénérationnel. On y voit plusieurs petites saynètes
absurdes montrant les générations plus âgées d’un mauvais point de vue. Un personnage revient plus souvent que les autres, et c’est un entrepreneur raté qui s’adonne à être père de famille. Si vous aimez les films de Stéphane Lafleur (Tu dors Nicole, Continental : un film sans fusil ou encore En terrains connus), vous allez adorer ce film.

Capharnaüm

Un excellent drame libanais que j’ai eu l’occasion de voir au cinéma plus tôt cette année. Ce film raconte l’histoire tragique d’un enfant qui poursuit ses parents en justice pour l’avoir mis au monde. Le film commence par cet
événement, et le reste du film est en flashback, et il nous montre pourquoi l’enfant en est arrivé jusque-là. C’est la définition même d’un film coup de poing. Il est réalisé par Nadine Labaki qui a remporté pour celui-ci plusieurs prix notamment le Prix du Jury au Festival de Cannes et une nomination pour l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère.

A History of Violence

Ce thriller/film d’action du Canadien David Cronenberg raconte l’histoire de Tom Stall (Viggo Mortensen), propriétaire respecté d’un restaurant familial dans un petit village tranquille des États-Unis. Un jour où il est
victime d’un hold-up, il s’en sort étonnamment indemne après avoir fait preuve d’une grande aisance ce qui le transforme tout de suite en héros national. Quelques temps après, il reçoit la visite d’un homme inquiétant le
prenant visiblement pour quelqu’un d’autre. Un thriller merveilleusement bien ficelé avec des acteurs et actrices en pleine forme. À sa sortie en 2005, il a été dans la compétition pour la Palme d’Or.

Indian Horse

Un autre très bon film canadien, plus récent celui-là, sorti au cinéma l’an dernier. Il raconte l’histoire d’un autochtone de la nation Ojibwe ayant vécu les pensionnats dans son enfance qui voit une porte de sortie à travers la pratique du hockey, sport pour lequel il possède un talent indéniable. C’est, encore une fois, la définition d’un film coup de poing, c’est un film grandiose qui nous offre un regard incomparable et nécessaire sur la réalité de ceux qui ont vécu les pensionnats. Le film est adapté d’un livre du même nom écrit par Richard Wagamese ; ce n’est pas quelque chose qu’il a vécu personnellement, mais il s’est inspiré des récits racontés par des membres
de sa famille qui, eux, l’ont vécu. Un film lourd, mais magnifique et nécessaire.

12 Angry Men

Le dernier film et non le moindre, un classique qui pose un jugement évident sur l’idée selon laquelle « l’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt ». Le film va dans le sens de cette citation de Jean-Jacques Rousseau. Douze jurés sont réunis pour discuter d’un jeune homme qui a assassiné son père, doivent-ils le condamner à mort ou le laisser vivre ? C’est la question qu’ils se posent tous. Onze hommes le jugent coupable, alors qu’un seul émet des doutes. Le film est un huis-clos où l’on voit les hommes changer d’avis un à un, avec une finale intense et un point culminant mémorable. Un des très bons films du réalisateur Sidney Lumet qu’il a sorti en 1957. C’est un film qui traverse merveilleusement bien les époques.

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