Sorties littéraires de novembre

L’apocalypse durable, pamphlet à l’usage des écoanxieux pour radicaliser leur famille – Fred Dubé – Lux Éditeur
« RASSUREZ-VOUS : les riches sont de plus en plus riches. C’est une excellente nouvelle. Si on a encore les moyens de se payer des riches, c’est que la société a un surplus d’argent à gaspiller. La fortune des milliardaires a augmenté de 900 milliards de dollars en 2018, alors que celle de la moitié la plus pauvre de la population a chuté de 11% ; le 1% de la population possède 82% de la richesse mondiale ; les 500 individus les plus riches au monde se sont approprié plus de mille milliards de richesses produites par les classes laborieuses en 2019. Au Québec, les revenus des plus riches ont doublé durant les dix dernières années, alors que ceux du reste de la population n’ont augmenté que de 15%. »

Le Moyen-Orient, des croisades aux Ottomans – Raphaël Weyland – Septentrion
« Tout le monde connaît Les mille et une nuits, même ceux qui croient ne pas les connaître. Que ce soit à travers les fables de La Fontaine ou les dessins animés de Walt Disney, ce corpus de récits plus que millénaires s’est diffusé à travers le monde jusqu’à devenir un référent culturel commun, du Québec à l’Indonésie.

S’y intéresser permet donc une formidable plongée dans les arcanes de la création et de la transmission d’un élément essentiel du patrimoine culturel d’ici et d’ailleurs. Mais il nous entraîne aussi à une époque où le Moyen-Orient était l’un des principaux centres intellectuels, économiques et politiques du Monde.  

 Mille secrets mille dangers – Alain Farah – Le Quartanier
« En cette chaude journée de juillet, je me marie. J’épouse l’incomparable Virginie Pellerin-Wise, femme que j’aime d’un amour durable et fulgurant. Ce mariage, nous le célébrerons devant Dieu et un parterre d’invités, sous la gouverne experte de Sue McKanick.

Je mange pour l’instant une frite de chez Orange Julep.

      Il faut que je fasse attention à ma dent, dis-je à Édouard. Je risque une pulpite irréversible. Ce débile de Wali Wali m’a averti. Pas de chaud, pas de froid, que du tiède. 

Mon cousin répond par un sourire absent et mélancolique. Il n’a pas proféré un son depuis que je suis monté dans la remorqueuse. Il reste immobile, serrant le volant à deux mains, en position dix heures dix – chic comme un pacha dans son smoking […] Pas une fois pendant les cinquante-cinq minutes qui nous seront nécessaires pour nous extraire du bouchon de circulation dont nous sommes prisonniers coin Décarie et Paré, il ne montrera de signe d’impatience ou d’inconfort. En revanche, son embarras est palpable. »

 Après Céleste – Maude Nepveu-Villeneuve – Les Éditions de Ta Mère
« Je serre les lèvres. J’aurais envie de lui demander ce qui s’est passé, où ils habitaient avant, quelle sorte d’oiseau avait sa mère, mais quelque chose me retient, le fait peut-être qu’on se connaît à peine et que ce n’est pas de mes maudites affaires, et que ma curiosité malsaine d’adulte devrait se retenir de fouiller dans les plaies d’une enfant orpheline qui s’ennuie dans un village perdu avec pour seuls compagnons son père qui doit travailler et une voisine âgée et blessée qui peut tout juste jouer aux cartes avec elle les trop longs après-midis d’été. »

 Le Starzec, un mois à Cracovie – Philippe Girard – Nouvelle adresse
« Le plus dur, ce n’est ni le rejet, ni le silence, ni la solitude forcée. Le plus dur, c’est le sentiment d’être prisonnier d’un labyrinthe sans porte de sortie où l’humain s’est effacé, au nom d’une réalité qui n’a ni queue ni tête. »

 « Je suis forcé de prendre acte du fait que le dépaysement n’est pas uniquement une expérience positive, que la disparité est souvent un motif de mise à l’écart, et qu’aux yeux de l’exclu, les raisons ne sont jamais valables. »

Le mythe de l’humain augmenté, une critique politique et écologique du transhumanisme – Nicolas Le Dévédec – Écosociété
« La « révolution transhumanisme » est en marche. C’est du moins de cette manière que l’on présente très souvent ces dernières années le transhumanisme et que le mouvement aime d’ailleurs lui-même à se présenter […] Qu’il s’agisse d’augmenter techniquement les performances corporelles, d’améliorer les capacités cognitives telles que la mémoire, l’attention ou la créativité, de maîtriser les émotions, le sens moral et l’empathie humaine grâce à la pharmacologie, qu’il s’agisse de pouvoir déterminer les caractéristiques génétiques de ses propres enfants ou de repousser les frontières de la mort pour en faire non plus une nécessité de la vie, mais une option parmi d’autres devant relever ultimement du choix individuel, le continent des promesses transhumanistes semble sans limites. »

« Avec son ambition de repousser techniquement l’ensemble des limites biologiques humaines – qu’elles soient physiques, intellectuelles ou émotionnelles –, le transhumanisme est indissociable du nouvel esprit néolibéral du capitalisme et de ce nouveau gouvernement biopolitique de soi qui le sous-tend. »

 Poisson à pattes – Blonk – Éditions Pow Pow
« Bastien, un jeune homme tiraillé entre sa loyauté envers son père et sa soif de connaissance, vit dans un monde où la curiosité intellectuelle est synonyme de sorcellerie. C’est avec Sidonie, que les villageois suspectent d’avoir signé un pacte avec le Diable, qu’il partage le plus d’atomes crochus. Si Bastien se pose tant de questions, c’est aussi parce qu’il cherche à élucider le mystère de ses propres origines. »

 Fait par un autre – Simon Roy – Boréal
« L’humiliation est ressentie comme une lame en plein coeur, relatera-t-il le soir même à son frère aîné, Bertrand, mis dans la conférence de ses aspirations de fuite. Vivre dans cette cage de conservatisme équivaut à porter une chemise étriquée au col si étroit qu’il l’étrangle. Si Réal ne s’exile pas bientôt, il s’éteindra par asphyxie. »

 

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