Du statut des postdocs

À Mrs Stéphane Dion, Gilles Duceppe, Stephen Harper, Jack Layton et Mme Elizabeth May,

Vous êtes les chefs des principaux partis qui se présenteront aujourd’hui au suffrage du peuple canadien. Ainsi, nous souhaiterions connaître votre sentiment sur un sujet important pour le Québec, et donc pour le Canada. Il s’agit d’une modification de statut des stagiaires postdoctoraux des universités québécoises relativement à l’imposition fédérale: comme les autres étudiants, ceux-ci n’y étaient pas soumis, mais le sont depuis l’année financière 2007 (au moins à l’Université de Sherbrooke et à l’UL).

Un postdoctorant est une personne qui vient d’obtenir son doctorat et qui poursuit une formation d’une durée moyenne de trois ans qui doit aboutir à en faire un chercheur autonome. Le montant des bourses varie de 30 000 à 36 000 $, sur lesquels est prélevé 10 % d’impôt fédéral. Hormis le régime d’assurance maladie du Québec, les postdoctorants n’ont pas de couverture sociale. Outre leurs tâches de laboratoire, ils participent à la formation des étudiants, contribuant ainsi très activement à la relève en recherche et à l’enrichissement du Canada. La nature de leur travail est considérée partout dans le monde scientifique comme de très haut niveau et beaucoup d’universités considèrent leur effectif en postdoctorants comme un critère de bonne santé et de qualité de leur recherche.

Cette nouvelle situation fiscale est de nature à compromettre la compétitivité des universités du Québec pour recruter des stagiaires postdoctoraux, au moment même où la redéfinition actuelle du contexte économique […] implique un développement des industries associées au savoir, fait reconnu par tous les observateurs sérieux. Cette situation ne permettra pas d’enrayer l’actuelle «fuite des cerveaux et du savoir» du Québec. La décision de l’Agence du Revenu du Canada pourrait en effet avoir comme conséquence une diminution sérieuse du nombre de stagiaires postdoctoraux, donc une diminution de l’encadrement, et de ce fait de la qualité de la formation des étudiants gradués sortant des universités québécoises. […]

Il est aberrant que la responsabilité d’une décision d’une telle portée soit laissée au personnel technique, visiblement peu au fait des réalités de la recherche universitaire, et ne soit pas assumée par le personnel politique.

Stéphane Chabaud Ph. D.
Président de l’Association des stagiaires postdoctoraux de l’UL

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