Que Dieu bénisse les étudiants

Je suis stressée. Loadée. Et je hais les matins. Mon cadran retentit à 5 h 45 depuis une semaine et ça me stresse. À cette heure-là, tout le monde devrait imiter le soleil et dormir. Stage oblige, je me lève.

Je marche vers l’autobus, une heure plus tard, tentant de me débattre tant bien que mal contre une patinoire naturelle. Mon carrosse arrive. Je tente de me faufiler dans cette marée estudiantine et professionnelle entassée dans un rectangle sur roulettes. Pas de siège libre. J’ai chaud. Je stresse.

Entre deux coups de coude déstabilisants, je vérifie, pour la quatrième fois, le planning de ma journée. Je stresse. Il n’est même pas 7 h du matin. Je suis rodée. Au quart de tour. Depuis quatre ans. Chaque minute de ma journée compte. Tout est méticuleusement calculé, programmé. De quoi faire frissonner une horloge suisse.

Je n’ai pas un, mais bien deux agendas qui me suivent partout où je vais. J’ai trois adresses de courrier électronique, un super compte Facebook et quatre numéros de téléphone pour être joignable en tout temps. Mon meilleur ami s’appelle MacBook, il est noir, petit, très peu bavard et il ne me quitte jamais. Je suis étudiante à l’université depuis trop longtemps.

Quelle période ingrate qu’est celle de l’université! Concilier travail, études, famille, stage, amour, ménage, finances, implications, loisirs, activités sportives et j’en passe. Pratiquement pas de temps libre pour se laisser aller dans des folies telles que dormir vingt minutes de plus le matin, ou prendre un deuxième café avant de courir vers le bus. Pas le temps. Même pas pour être malade.

Oui, c’est une passe. Une période où on apprend énormément. Pour faire de nous de meilleurs professionnels. «Impliquez-vous!», qu’ils disaient. Mais où est la limite? Alors qu’une grande partie des étudiants se «garochent» à gauche et à droite, s’intégrant bénévolement dans différentes organisations universitaires, hyper formatrices, qui gobent plus de la moitié de leur temps libre, l’administration ne pourrait-elle pas penser à installer un système simple, formel, de compensation en crédits?

Parce que pour le moment, on sait qu’il y a moyen de se faire créditer des implications, mais Dieu sait à quel point c’est compliqué. Tout dépend des profs, des programmes, des étudiants. Consacrer une session à animer une émission de radio, à veiller au bon fonctionnement de l’association étudiante ou à planifier les prochains Jeux professionnels de la Faculté ne pourrait pas équivaloir à trois crédits hors bac? Pas de flafla. Une implication x = x crédits.

À deux mois de ma graduation, j’ai l’impression d’avoir cumulé 180 crédits à l’université en termes d’expériences théorique, pratique et parascolaire. Je me bourre de café, dors maximum cinq heures par nuit et là, précisément, alors qu’il ne me reste qu’un petit coup à donner, je sens que je n’y arriverai plus. L’Université Laval, on fait quoi avec la surcharge de travail?

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