Un pacte est un pacte

 Un an et demi après qu’Impact Campus ait titré : «PACTE Myrand verra le jour», on recommence à penser que peut-être, cette Atlantide perdue aux vertus multiples, ce complexe de résidences écologique et fonctionnel, liant les communautés universitaire et urbaine, s’érigera aux abords de la rue Myrand. Cependant, comment ne pas douter de cette annonce impromptue, alors que personne ne savait qu’un tel projet serait relancé sur le campus – même les associations étudiantes, qui sont les premières concernées, n’ont pas été tenues au courant des développements. C’est pourtant pour leurs membres que ce projet a été conçu.

Il fallait bien l’annoncer candidement à la ville tout entière avant d’en faire part à la communauté universitaire. Où est-il, ce miraculeux recteur de la «consultation» qui avait convaincu les étudiants de voter pour lui lors de la dernière course au rectorat? Celui qui était préoccupé d’abord et avant tout par la validité des projets mis de l’avant? En annulant le projet d’épicerie-école au début de son mandat, Denis Brière renonçait à un projet controversé, non constructif pour l’Université et, on s’en rend compte maintenant… qui ne lui servait pas côté publicité, puisque les médias ne manquaient pas de souligner les déboires de l’aventure : révélation surprise du projet, suivie d’une reprise de l’appel d’offres.

Celui qui confie en premier lieu ses grands chantiers à la presse n’a certainement pas le souci de bâtir l’avenir de l’institution lavalloise en concertation avec les acteurs de la vie universitaire… mais plutôt celui d’impressionner la population et la ville. Voilà qui nous rappelle le style du maire de Québec!

Pourquoi relancer le projet maintenant, un an après le début de son mandat, quelle bonne question – à laquelle on laissera le soin à M. Brière de répondre. Une chose est certaine : ouvrir l’université sur la ville n’est certes pas une volonté répréhensible, mais elle doit d’abord s’effectuer par des projets concrets tels que PACTE Myrand, non par des opérations médiatiques sexy. L’opportunisme politique n’est pas un mal dont devrait souffrir une institution d’enseignement. Mais ce n’est pas la première fois que la publicité est le moteur de l’action à l’UL : rappelons-nous la remise d’un doctorat honorifique à Céline Dion ou la présidence d’un comité sur le train rapide Québec-Montréal par le recteur. Quelle est la priorité : travailler sur des projets qui font avancer l’université, ou la faire «rayonner» par les unes des journaux?

Il ne reste qu’à espérer que la volonté de l’Université Laval d’attirer des étudiants étrangers la motivera véritablement à mettre en place les 200 à 250 résidences qu’elle prévoit construire. Ce projet sera bénéfique aux étudiants des cycles supérieurs, dont 40% vivent en couple et 21% ont une personne à charge (les chiffres datent de 2007). Un projet respectueux de l’environnement, puisqu’il s’agira d’une véritable «cité verte», et que tout le monde applaudissait en 2007, puisqu’il avait été conçu avec tous les acteurs concernés, des étudiants aux commerçants du quartier, ayant fait l’objet d’une consultation sur Internet.

Décidément, PACTE Myrand est aux familles ce que le Super PEPS est aux athlètes : il faudra le voir pour le croire.

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