Braver le frette

Avez-vous déjà eu frette? Je veux dire frette, pas comme les pieds un peu gelés dans vos bottes de ski au Mont-Sainte-Anne. Pas non plus comme quand vous marchez 15 minutes dans la tempête pour aller au travail ou à l’école et que vous arrivez en disant à vos amis ou collègues : « Heille y fait donc ben frette hein? »

Quand j’ai vu le message qui disait sur Facebook : participants recherchés pour participer à la campagne 5 jours pour l’itinérance, j’ai tout de suite cliqué sur « j’aime » et commenté « j’suis game! ». J’étais loin de me douter à quel point je n’avais pas encore compris la vraie signification de l’expression avoir froid.

J’ai donc participé à l’expérience. On allait passer une journée de 24 heures complètes dehors. Le but : vivre comme des itinérants et faire la quête sur le campus pour amasser des fonds pour la maison Dauphine à Québec.

Je faisais avec mon ami Guillaume (faut lui donner du crédit à lui aussi) le 5e 24 heures, entre 17h jeudi et 17h vendredi. Ça a commencé de manière très soft. Les règles disaient qu’on avait le droit de manger QUE ce qui allait nous être donné. Bouffe, cafés, chocolats chauds, pour le manger ça devait nous être donné. Je m’étais donc préparé en mangeant trois grosses Snickers doubles pour ne pas mourir de faim.

Première chose qui est arrivée, un couple de bons samaritains sont venus avec quatre gros pots Mason de soupe aux légumes, un plat Tupperware de muffin au quadruple chocolat, du fromage et tout ce que des itinérants aimeraient manger une fois dans l’hiver. On a appris par la suite que l’homme avait utilisé les services de la maison Dauphine dans sa jeunesse. Il était très ému de ce que nous faisions. Nous étions abasourdis par leur générosité.

Ce n’est qu’un seul exemple de tous ceux qui nous ont apporté nourriture, cafés, soupe et beaucoup d’autres. On est très loin d’avoir crevé de faim.

Sauf que c’est beau la bouffe, mais ça réchauffe pas une fois la nuit venue. Ça n’empêche pas les gens un peu éméchés de faire du grabuge sur notre campement. Ça n’empêche pas non plus la gratte de presque nous ensevelir vivants. Tout ça, ça fait difficilement dormir mieux que d’un seul œil.

La chaleur se gagne progressivement, jusqu’à ce que l’envie d’uriner devienne trop forte. On sort de la tente, on pisse, on se recouche : plus de chaleur. Le sommeil réparateur et le froid ne font pas bon ménage.

Enfin, outre de l’argent, j’ai réalisé que meilleur don qu’on peut faire à un itinérant c’est un gros paquet de chez Costco de ces petites choses magiques qu’on appelle chaleureusement des « hot-pads ».

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