Dans mes lunettes : 90 minutes S.V.P.

Deux rendez-vous « prévus depuis longtemps », c’est ce qui empêchera le recteur Denis Brière de se présenter au débat des candidats à la course au Rectorat, qui se tiendra le 4 avril à midi au Théâtre de la Cité universitaire du pavillon Palasis-Prince.

Pourtant, si quelqu’un doit être là, c’est bien l’actuel recteur. C’est lui qui, en poste depuis 2007, doit défendre son bilan et donner le ton sur ce que seront les enjeux prioritaires de son administration, advenant une réélection. Imaginez ne serait-ce qu’un instant qu’au terme de la prochaine campagne électorale provinciale, Jean Charest refuse de se présenter au débat des chefs. Ce serait injustifiable et il perdrait automatiquement des appuis. Je ne vois pas comment le recteur peut sortir gagnant d’un débat auquel il ne participera pas.

Celui qui occupe les plus hautes fonctions d’une administration universitaire doit absolument se libérer, point final. C’est une simple question de bon sens. Je veux bien croire qu’une course au Rectorat ne soulève pas les passions, mais devant une telle initiative, étudiante doit-on le préciser, le recteur devrait déplacer ses deux rendez-vous, dans son intérêt et celui de la communauté universitaire. Si le recteur est aussi près des étudiants et des employés de l’Université Laval qu’il le prétend, alors peut-être devrait-il reconsidérer sa décision, et s’asseoir pendant 90 minutes, question de jaser, de l’écouter.

Surplus de confiance ?

Peut-être aussi qu’il s’est dit qu’il n’a pas besoin de ce débat pour être élu. Mais le recteur serait-il à ce point confiant ? Est-ce en raison de toutes ces vedettes qui ont accepté de donner leur appui à sa candidature ? Chose certaine : en ne se présentant pas, il laisse la porte ouverte aux autres candidats de se faire valoir.

Son absence est également un grave manque de respect pour ses adversaires. Ils ont des idées, et peut-être même de meilleures que celles proposées par le recteur. Après tout, on ne parle pas de deux piques ici. Les candidats sont soit doyens, professeurs, ou doctorant. Ils ont certainement la capacité et la présence d’esprit de rivaliser avec Denis Brière. Je ne sais pas si ce sont les vertiges du 16e étage de la Tour de l’éducation qui font effet, mais si j’étais l’un des candidats à la course, cela me donnerait l’impression que le recteur me regarde de haut.

Chocs des idées

Aux dernières nouvelles, on parle d’une élection. Quoi de plus sain pour un processus électoral qu’un débat ? C’est le moment parfait pour que les idées se rencontrent, et de voir la tenue, le leadership et la qualité des candidats. Du choc des idées jaillit la lumière, dit le proverbe, et il s’appliquerait très bien dans le contexte actuel.

Les enjeux au niveau universitaire sont de taille et en quantité. Le financement des universités, la gouvernance, le développement durable, la qualité de l’enseignement, la qualité de la recherche, les infrastructures. La gestion des finances des universités est contestée, et des professeurs au sein même de l’Université Laval se sont levés pour manifester leur inquiétude. Les universités sont-elles des entreprises ? L’argent est-il bien investi ?

La communauté universitaire veut des réponses. Nous sommes, comme c’est le cas avec les étudiants et la hausse des droits de scolarité, dans un mouvement de changement. Et le changement, ce n’est pas nécessairement avec la venue d’une nouvelle personne qu’il s’incarne. Quelqu’un, peut, du moins je l’espère, prendre un virage et créer le changement.  Ne vous privez pas de cette opportunité M. le recteur, et ne privez pas la communauté universitaire d’un débat sain et complet.

Ah et, si vos rendez-vous sont si importants, peut-être pourriez-vous en révéler la nature. Si c’était pour une bonne raison, ça ne pourrait qu’être bénéfique pour votre campagne, non ?

David Rémillard

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