Le titre est un vieux slogan des militants du droit au port d’armes à feu.

«Guns don’t kill people. People do.»

Le titre est un vieux slogan des militants du droit au port d’armes à feu. En gros, les fusils ne tuent pas les gens, ce sont les gens qui le font. Notez qu’avec une logique similaire, on pourrait presque dire qu’en fait, ce sont les projectiles, et même les hémorragies qui viennent à bout du commun des mortels atteints par balles. Mais je m’écarte de mon sujet: quel rôle doit-on donner aux outils qui nous permettent d’agir, bien ou mal.

Laissons de côté les armes à feu (parce qu’après tout, sans commettre le meurtre, elles aident certainement à l’exécuter) et choisissons un autre outil. Tiens, un exemple de l’actualité tout frais, tout chaud et tout approprié au reste de ce texte: «Facebook doesn’t make revolutions. People do.»

Je ne vous le cacherai pas, je suis probablement plus amateur de technologie que la moyenne des ours. J’aimerais beaucoup dire qu’Internet a tout changé et que la démocratie a enfin gagné grâce aux téléphones intelligents. Cependant, il faut se garder une petite gêne dans bien des cas. Facebook et Twitter, certes, aident beaucoup à canaliser l’énergie des citoyens, mais attribuer à ces outils technos la paternité des mouvements démocratiques qui soufflent sur le Maghreb est irrespectueux envers ceux qui se révoltent.

C’est presque une récupération qui nous permet de dire qu’après tout, c’est un peu grâce à nous. Comme dans le cas de la «révolution verte» en Iran, on se dit que le fait d’utiliser Facebook et Twitter, comme ceux qui vont manifester, est similaire et nous place dans la grande confrérie de révolutionnaires des réseaux sociaux.

En fait non. Les crises tunisienne et égyptienne pourraient beaucoup mieux être baptisées «révolutions des jeunes chômeurs» que «révolutions Facebook» ou «révolutions Twitter». Dit-on «Révolution française» ou «Révolution de la guillotine»?

Comme le souligne Peter Coy dans la plus récente édition de Bloomberg BusinessWeek, l’état des économies de la région est proprement scandaleux : les taux de chômage tunisien et égyptien sont relativement élevés, mais celui des jeunes est estimé à jusqu’à 25 ou même 30%.

Comme l’ajoute M. Coy, cela ne se limite même pas au Maghreb. Les récentes manifestations houleuses au Royaume-Uni (à la suite d’une annonce d’une augmentation des droits de scolarité) étaient aussi des indicateurs d’une tendance difficile : l’éducation n’est plus une garantie de prospérité. Alors qu’un diplôme universitaire, aussi technique soit-il, était autrefois un aller simple vers la carrière florissante et un avenir plus rose, l’amertume de ceux qui ont choisi cette voie se fait sentir.

Comment régler ce problème? Certes, l’implantation de la démocratie libérale peut être une solution pour amener une plus grande confiance envers les jeunes qualifiés du Maghreb. Cependant, il s’en trouve pour dire que le problème est structurel et que nos économies sont basées sur une demande de travail qui est appelée à se Tahrir. Ha, ha.

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Le devoir du jour : lire Les Fourberies de Scapin, de Molière. Surtout la réplique de Géronte, au sujet de son fils. «Mais que diable allait-il faire dans cette galère?», dit-il. Pensez à Lucien Bouchard et les gaz de schiste (ou shale, dépendemment de votre attachement au bon mot). En fait, pas besoin de lire toute la pièce, je ne disais ça que pour ploguer le jeu de mots. Si vous en avez un meilleur, ou que vous voulez publier dans notre journal, écrivez-moi à redaction@impact.ulaval.ca.

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