Comme un rite de passage marquant la fin de l’époque de la bipolarité politique est/ouest, l’Histoire retiendra une unique date marquante, celle du 11 septembre 2001.

Le bon, la brute et le truand

 

Parce que l’Histoire ne retient que des évènements marquants, il lui faut souvent un point de départ. L’attentat sur les tours jumelles aura été, l’occident en est maintenant conscient, un aboutissement en soi mais aussi le début d’un nouveau chapitre. L’islamophobie rampante qui a immédiatement émergée des médias nord-américains s’est répandue en Europe, créant les résultats qu’on lui connait. Aboutissement donc, ou simple suite d’une Histoire linéaire ? L’importance des discours des chefs extrémistes s’était déjà fait entendre lors de la fatwa lancée contre l’auteur de l’oeuvre magistrale des «Versets sataniques», Salman Rushdie en 1989. Plus d’une décennie avant l’attentat de New-York, les médias et grands penseurs tendaient déjà à obscurcir et à rassembler sous une même bannière des centaines de peuples arabes. Selon le théoricien littéraire et intellectuel palestinien Edward Wadie Saïd «Quand on parle de l’islam, on élimine plus ou moins automatiquement l’espace et le temps». Il lui semble tout simplement faux de réduire des dizaines de pays et des dizaines de conceptions religieuses en un seul bloc appelé «islam». La vision nord-américaine aurait beaucoup à apprendre de cette conception nuancée du monde. Le territoire américain n’a été attaqué ni par l’islam ou une conspiration mondiale mais plutôt par une organisation illégale dont les techniques étaient et sont encore, désavouées par la majorité des peuples musulmans.

Appelez cela comme vous voudrez: «printemps des peuples», «révolutions du monde arabes», les derniers mois qui ont réécrits l’Histoire, auront permis de nuancer le regard que le monde occidental avait développé. Ils auront freinés la terrible lancée de la peur du monde arabe présente dans les discours politiques et médiatiques du monde occidental. En oubliant un instant l’incontournable débat sur l’exportation d’un idéal démocratique, l’imagerie inconsciente que s’est inventée l’occident depuis les dernières années du monde arabe ne peut inévitablement que se transformer. Exit l’hommes du désert qui crie sa haine contre l’impérialisme et les «chiens de l’occident» ? Pas sure, mais grâce à ces révoltes populaires, le raccourci entre la religion musulmane et l’intégrisme sera plus difficile à exploiter ce qui est, tout compte fait, le plus beau cadeau que l’Histoire puisse offrir en cette décennie.

 

Crédit photo : James Spahr,Flickr, Creative Commons

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